mercredi 21 mars 2007

Christophe Maé


Mon paradis
(Warner)

Avec son sens du rythme et sa façon si particulière de chanter, Christophe Maé rend original le titre le plus banal et anodin. En France, on le sait, on aime coller des étiquettes et dresser des comparaisons. Avec Christophe, ce petit jeu est impossible. Il est non seulement un musicien multi-instrumentiste hyper doué, mais il est doté en outre un feeling incomparable. Quand il chante, il vit, il s'amuse. On le sent heureux, léger, généreux.
Dans cet album de douze titres, il a écrit ou co-écrit six textes, composé ou co-composé huit mélodies. C'est dire son implication ; c'est vraiment SON album. Il y a apporté un soin très particulier aux sonorités. Avec un phrasé qui n'appartient qu'à lui, il fait sonner et danser les mots. On ne peut imaginer interprétation plus personnelle. Il serait formidable dans le blues (ce sera, j'espère, pour une prochaine fois), il est parfaitement à l'aise dans le rytm'n'blues (il suffit d'écouer Mon paradis), mais la principale couleur de cet album est le reggae. C'est une musique de liberté qui lui convient tout-à-fait.

Pour mon goût, il y a six singles en puissance dans cet opus. Même si j'aime aussi des chansons comme Mon paradis, Ma vie est une larme (au bien joli refrain), Mon père spirituel (malgré son texte volontairement naïf), et Spleen, et si j'ai été moins sensible à Belle demoiselle et à Maman, comme je l'ai dit plus haut, Christophe Maé possède ce supplément de soul qui bonifie n'importe quelle chanson.
Pour moi, deux chansons se dégagent vraiment du lot.
En premier, je place On s'attache. cette chanson est la passerelle idéale avec ses créations dans Le Roi Soleil. Ne serait-ce déjà que par la présence du texte signé Lionel Florence. Il résume la philosophie de vie de notre olibrius, son besoin de liberté et d'espace et son mépris des entraves.
Ensuite, j'ai été très touché par l'émotion qui se dégage de ça fait mal. Cette chanson intime et simplissime, quasiment guitare-voix, est, malgré son sujet (l'abandon de la mère par le père) empreinte d'une grande douceur. Il a une telle façon de prononcer le mot "papa" qu'il vous donne le frisson.

Les autres titres qui méritent d'être "saucissonnés" en singles sont, sans ordre préférentiel :
- Parce qu'on ne sait jamais. Il y a un de ces grains dans la voix ! Et le thème abordé par Lionel Florence, celui de notre attitude face à la mort, nous amène immanquablement à la réflexion.
- L'art et la manière. Encore du Florence pur jus sur l'image que l'on donne, l'être et le paraître. Sur fond de reggae, c'est vraiment imparable.
- C'est ma terre. Encore une fois Lionel Florence a fait simple et efficace. Rien de tel qu'une ambiance africaine pour évoquer les thèmes et les valeurs qui font que l'humanité pourrait être plus "aimable" si on s'en donnait un peu la peine : La fraternité, le respect de la nature et de l'environnement, la tolérance... Une réussite !
- Va voir ailleurs. Un très joli texte de Christophe sur le respect de la liberté de l'autre, "même si sans toi je pleure", une attitude généreuse, chevaleresque, un vrai geste d'amour. Il y dévoile toute sa fragilité. Les femmes et les filles vont adorer...

Cet album de Christophe Maé sort à point nommé. Il fallait en effet profiter de la dynamique du Roi Soleil où, soir après soir, sa composition effervescente de frère du roi est accueillie par des exclamations de plaisir. Par son extravagance, il s'est imposé comme étant le clou du spectacle, ses espaces de fantaisie. L'album est à son image même s'il n'y a pas mis trop en avant son sens de l'humour et de la dérision. Il a fait sérieux. Il ne pouvait pas se permettre de passer à côté de cet album car il est très attendu. D'où une certaine prudence. Si "ça marche" - et je suis convaincu que cela va être le cas - il pourra sans doute enfin donner libre cours à toute sa folie créatrice. En attendant, fort de son originalité, Mon paradis a tous les atouts pour plaire au plus grand nombre. Et il possède un tel éventail de possibilités que, s'il sait rester humble et rigoureux, il a tout pour entrer dans la Cour des grands et devenir un "Monsieur" de la chanson française.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je dois dire que cet article est tout simplement magnigique...
J'en ai les larmes aux yeux vers la fin, et oui c'est ça d'être fan.
Merci pour cet article
Marilyn