mercredi 4 juin 2008

Sophie Mounicot "C'est mon tour !"


Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 90 00
Métro : Havre-Caumartin

Textes de François Rollin, Gérald Sylbleiras, Sophie Mounicot
Mise en scène de Roland Marchisio

Ma note : 7/10

Le sujet : A l'heure de la compétition internationale, des évaluations tous azimuts genre Star Academy, des ministres que l'on note, Sophie Mounicot se pose la seule question qui vaille : quel est son classement ? Pour y répondre, elle invente "le classement des gens". Afin de définir les meilleurs critères possibles, elle revient sur sa fascinante existence pour se donner la note la plus juste...

Mon avis : Quand on prend place dans la petite salle du théâtre des Mathurins, le décor nous intrigue. Sur la scène en effet, sont alignées dans un ordre de taille croissant, six chaises blanches identiques, de facture plutôt élégante ma foi... A l'entrée de Sophie Mounicot, nous déduisons rapidement que nous nous trouvons dans une sorte de salle d'attente, puisqu'elle détache un, puis plusieurs tickets pour connaître son numéro d'appel.
Les gestes sont vifs, saccadés, limite excédés. C'est que, vu son numéro, elle n'est pas près de passer... Alors, histoire de tuer le temps, elle explique ce pourquoi elle est là. Très fière d'elle, elle annonce sans modestie aucune qu'elle a créé "l'échelle Mounicot", une forme révolutionnaire mais imparable de classement des gens. Un peu comme au tennis, quoi. Et elle, elle a un peu tendance à se surévaluer. Sans complexe, elle considère que son invention est équivalente à celle de cet autre créateur d'échelle, passé à la postérité, lui, Charles Richter, l'homme qui a déterminé le degré de magnitude des séismes et tout le tremblement... C'est sans doute la première fois qu'on rend sur scène un hommage aussi vibrant à ce géophysicien. Elle en profite au passage pour nous narrer quelques péripéties de la vie privée du bonhomme.

Tout au long de son spectacle, Sophie Mounicot s'égare dans des digressions, passe du coq à l'âne, introduit des molécules d'absurde dans ses démonstrations et, surtout, dévoile beaucoup sa propre existence. D'ailleurs, elle a tendance à tout ramener à sa petite personne. C'est qu'elle est un brin suffisante et narcissique ; du moins en apparence.
Il est évident que dans quasiment tous les domaines, sa vie n'est pas vraiment folichonne. Elle aborde en vrac le sexe, les couples mal assortis, l'âge que l'on fait, celui qu'on a et celui qu'on nous donne, ses ex... Tout cela avec une véhémente débauche d'énergie et sur un ton d'irascibilité revêche. Elle joue avec les voix, passe du grave à l'aigu, prend des accents, parle comme une ado. Elle n'arrête pas une seconde, arpente la scène dans tous les sens, grimpe sur les chaises, se vautre dessus. Elle fait même appel à une excellente astuce de mise en scène qui consiste à matérialiser les rivales ou les pétasses avec des petites poupées. Effet garanti.

En fait, Sophie Mounicot, ou tout du moins son personnage, est une looseuse qui dissimule sa réelle fragilité derrière une conduite agressive. Parce qu'elle est drôlement fragile la donzelle ! Et sa phobie panique des... pingouins n'arrange rien. On ne peut pas dire qu'elle soit simple. Elle est bourrée de contradictions. C'est une femme, quoi ! Elle dit tout haut le contraire de ce qu'elle pense et se fâche toute seule quand les choses, évidemment, ne fonctionnent pas comme elle le souhaite. Le plus bel exemple est la séquence de la boîte de nuit. Elle s'y rend en espérant secrètement y trouver, sinon l'âme soeur, au moins "un bon coup", mais elle écarte systématiquement les manoeuvres d'approche en affirmant qu'elle n'est pas "demandeuse". On en profite en tout cas pour constater qu'elle est très à l'aise avec son corps. Il faut voir comme elle fait sa lascive sur un slow de Barry White.

La toute première fois que j'avais rencontré Sophie Mounicot, en 1999, elle commençait à se faire remarquer dans H. Elle m'avait alors confié qu'elle préparait son one-woman show... Neuf ans, il lui a fallu neuf ans avant qu'il voie enfin le jour. mais, très sincèrement, si cela a dû lui paraître long, très long, pour nous public, ça valait le coup d'attendre car son spectacle possède une authentique originalité, un ton très personnel et, à 40-30 ans, elle possède une maîtrise parfaite de son jeu de comédienne.
Un petit bijou de drôlerie, d'humour vache avec, en filigrane un appel à peine codé à la tendresse, un double niveau de lecture et une autodérision parfaitement réjouissante. Il faut aller voir LA Mounicot ! Tellement Sophie, tellement so fille...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tellement so fille... je te reconnais bien là ! C.