jeudi 12 février 2009

Chat en poche


Théâtre Saint-Georges
51, rue Saint-Georges
75009 Paris
Tel : 01 48 78 63 47
Métro : Saint-Georges

Une pièce de Georges Feydeau
Mise en scène par Pierre Laville
Décor de Stéphanie Jarre
Costumes de Bonnie Colin
Avec Jean Benguigui (Pacarel), Marianne Giraud (Marthe Pacarel), Jean-Marie Galey (Landernau), Valérie Mairesse (Amandine Landernau), Arthur Jugnot (Dufausset), Julie Wingens (Julie Pacarel), David Macquart (Lanoix de Vaux), David Talbot (Tiburce)

Ma note : 7/10

L'histoire : A Auteuil, près de Paris, Pacarel, un commerçant qui s'est retiré après s'être "enrichi dans la fabrication du sucre par l'exploitation des diabétiques", annonce qu'il vient d'engager le fameux ténor Dujeton pour interpréter l'opéra que sa fille Julie vient de composer d'après Faust et qu'il entend faire jouer à l'Opéra même. Dujeton venant de se produire à Bordeaux, Pacarel a demandé à son vieil ami bordelais Dufausset de s'entremettre pour lui envoyer le ténor.
Or, voici que se présente chez Pacarel un jeune homme venant de Bordeaux et qui se recommande de Dufausset. Sans se poser plus de questions, Pacarel lui réserve un accueil triomphal, car il ne peut être que le ténor en question. Pour le soustraire à toute concurrence et en obtenir l'exclusivité, Pacarel fait signer au supposé Dujeton un contrat mirifique...

Mon avis : Ne boudons pas notre plaisir. Chat en poche n'est sans doute pas le meilleur Feydeau, mais le rythme et la fameuse mécanique de maître Georges sont là. C'est sans doute dans cette pièce en tout cas qu'il a dû battre son record de quiproquos. C'est une véritable avalanche ! Inutile de chercher un soupçon de crédibilité ou de la cohérence, il s'est totalement affranchi d'un quelconque fil à la patte pour nous livrer un invraisemblable délire de situations toutes plus saugrenues les unes que les autres.
Il n'est donc que de s'installer confortablement dans son fauteuil (ce qui n'est pas si évident que cela compte tenu de leur exiguïté) et de se laisser emporter par la folie ambiante.
En dépit de l'énormité des situations, l'enthousiasme des comédiens, la façon très sérieuse qu'ils ont tous à se mettre dans la peau de personnages totalement farfelus, nous gagne à leur cause. Ils y vont tellement à fond ! Et ils sont tous épatants. En plus, par le truchement de très nombreux apartés, le public est sans cesse sollicité et pris à témoin, ce qui lui permet de dérouler plus aisément l'écheveau complexe de cette pelote de malentendus.
Jean Benguigui campe une espèce de parvenu aussi naïf que suffisant. C'est une sorte de monsieur Jourdain qui se pique de culture artistique (particulièrement en matière d'opéra) et qui estime que l'on peut tout s'offrir avec de l'argent. Heureusement, il est guidé par le désir de faire plaisir à sa chère fille, Julie. Imperturbable, il sautille, virevolte, tel un chef d'orchestre qui veut tout gérer. Il poursuit son idée fixe et rien ne peut le faire quitter ses objectifs. Il est un parfait personnage de Feydeau.
Marianne Giraud, qui joue son épouse, cache sous son maintien de dame du monde, une fantaisie débridée tellement en décalage avec sa posture que quand elle dérape, elle dérape. Quand elle joue à la "vierge effarouchée", elle est irresistible.
Valérie Mairesse, sanglée dans une très voyante robe rouge à parements dorés, débordante de formes on ne peut plus généreuses, est parfaite dans son rôle d'épouse un peu simplette, qui s'enflamme pour un rien et qui voudrait-tellement-être-frivole. Complètement fofolle !
Arthur Jugnot est excellent. Il joue à merveille au provincial un peu emprunté, mal dégrossi, qui ne comprend pas toujours ce qui lui arrive mais décide d'en profiter hardiment. Avec son sourire enjôleur, son aisance physique (quel jeu de jambes !) il est l'idéal jeune premier de boulevard. C'est aussi le champion de l'aparté, un exercice très délicat à gérer qu'il effectue plutôt brillamment.
Jouant à ravir de sa belle voix grave, Jean-Marie Galey interprète un médecin compassé et onctueux, qui s'essaie parfois à quelques traits d'esprit qui tombent lamentablement à plat. Il s'estime tellement supérieur aux autres et se croit plus malin qu'il en finit par être ridicule puisque personne ne s'en aperçoit.
Julie Wingens amène sa blondeur et ses couettes en équerre dans le rôle de Julie. Avec sa bonne bouille et ses attitudes un peu maniérées, poussant la chansonnette pour un oui pour un non, elle fait preuve d'une jolie fraîcheur espiègle.
David Macquart, en fils à sa maman très obeïssant, mais prêt à jeter sa gourme ailleurs que chez les Pacarel, apporte une note burlesque remarquablement maîtrisée.
Enfin, David Talbot, dans la livrée du domestique Tiburce, fait preuve d'un jeu très juste.

Vous l'aurez compris, tous les comédiens sont réellement très bons. Les dialogues comportent quelques saillies savoureuses. On assiste à certaines scènes qui, dans l'absolu, nous sembleraient débiles, mais qui nous font éclater de rire (par exemple l'échange entre Julie et son "fiancé" quand ils essaient de respecter les consignes édictées par leurs mères respectives). En fait, dans ce Chat en poche, tout n'est prétexteu'à rire. Que demander de plus ?
C'est d'ailleurs la marque de fabrique de ce théâtre Saint-Georges. Saint-Georges... Feydeau ? Rions pour vous !

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