jeudi 5 février 2009

L'anniversaire


Comédie des Champs-Elysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
Tel : 01 53 23 99 19
Métro : Alma-Marceau

Une pièce de Harold Pinter
Adaptée et mise en scène par Michel Fagadau
Scénographie et costumes de Florica Malureanu
Avec Lorànt Deutsch (Stanley), Jean-François Stévenin (Nat Goldberg), Andréa Ferréol (Meg), Nicolas Vaude (McCann), Jacques Boudet (Peter), Emilie Chesnais (Lulu)

Ma note : 5,5/10

L'histoire : Une pension de famille. Un seul pensionnaire : Stanley.
Pourquoi est-il là ? de quoi se cache-t-il ? Fuit-il, tel Peter Pan, la lourde tâche de devenir adulte ? Et qui sont l'affable Goldberg et son curieux compagnon l'Irlandais McCann ? Pourquoi ont-ils choisi précisément cette pension du bout du monde ?

Mon avis : Trois choses : 1/ Mieux vaut ne pas être fatigué par sa journée de travail afin de se présenter à la Comédie des Champs-Elysées avec des facultés non émoussées. 2/ Si vous affichez malgré tout un état de fraîcheur insolent, vous risquez quand même d'être gagné par la somnolence. 3/ Enfin, si vous êtes frais et dispos et, surtout, si vous être un grand amateur de non sens plus que british, alors vous serez sans doute séduit par cette pièce pour le moins énigmatique et nébuleuse.
J'ai l'air sévère à m'exprimer ainsi. Il s'agit tout de même là d'une pièce du Grand Harold Pinter ! Mais autant j'avais apprécié Le Gardien et, à un degré moindre Le monte-plats, autant j'ai eu un mal fou à ressentir un quelconque intérêt à essayer de démêler l'écheveau de cette intrique absconse.

D'abord je tiens à préciser que les comédiens, les SIX comédiens, sont absolument irréprochables. Chacun, dans son personnage, se montre vraiment excellent.
Le souci, c'est que si on prend un réel plaisir à leur virtuosité, à la qualité de leur jeu, la pièce échappe vite à nos esprits par trop cartésiens.

Au début, je me suis brièvement amusé à ce dialogue à deux niveaux entre un taiseux diplomatiquement conciliant (Jacques Boudet/Peter) et sa volubile et envahissante épouse (Andréa Ferréol/Meg), l'abus de comique de répétition et trop de mots qui font tourner l'action en rond m'ont amené à écrire sur mon petit carnet de notes : "entame un peu poussive". Pourtant, je me répète, les comédiens font largement de leur mieux pour donner de l'épaisseur à leurs personnages.
L'arrivée de Lorànt Deutsch (Stanley) apporte quelque temps un brin de rythme et de nervosité avec une belle joute entre Andréa Ferréol et lui. Et puis, tout doucement, on retombe dans le verbiage et l'incompréhension.
Pendant ce temps-là, on essaie de deviner la trame de l'histoire. Où Pinter veut-il en venir ? Dans quel étrange intrigue veut-il nous emmener ? On n'arrête pas de se poser des questions. Qui est réellement Stanley ? Pourquoi se cache-t-il dans cette pension de famille dont il est l'unique client ? Pourquoi comprend-il que c'en est fini de sa tranquillité quand il apprend que deux hommes sont à sa recherche ? Qui sont ces deux hommes ? Que lui reprochent-ils ? Pourquoi veulent-ils l'emmener ?...
Et bien, quand le rideau tombe on n'a aucune réponse à ces question. On reste là, tout coi, livré à nous-même, avec nos supputations. Après tout, on peut imaginer ce qu'on veut. Mais cet Anniversaire-là, c'est vraiment pas du gâteau !

On peut donc à la rigueur aller voir cette pièce mais uniquement pour profiter du jeu de cette épatante brochette de comédiens. Sinon, son texte et ses dialogues - parfaitement adaptés par Michel Fagadau - comportent quelques jolies fulgurances ; les trois immenses miroirs déformants, façon musée Grévin, qui composent une grande partie du décor renvoient des images fugitivement fantasmagoriques, ce qui est parfois amusant. Mais, et je ne veux dénoncer personne, j'en ai vu plus d'un(e) qui piquait du nez sur son giron...

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