lundi 6 avril 2009

Erreur de la banque en votre faveur


Un film de Gérard Bitton et Michel Munz
Avec Gérard Lanvin (Julien), Jean-Pierre Darroussin (Etienne), Barbara Schulz (Stéphanie), Jennifer Decker (Harmony), Philippe Magnan (Baudoin), Scali Delpeyrat (Gilbert), Roger Van Hool (Bergstein), Eric Berger (Alban), Eric Naggar (Du Rouvre), Martin Lamotte (Antoine), Laurent Gamelon (Georges)...

Ma note : 8,5/10

L'histoire : Lorsque Julien Foucault, maître d'hôtel de la très vénérable banque d'affaires Berthin-Schwartz, apprend son licenciement, il y voit l'occasion de réaliser son rêve de toujours : ouvrir un restaurant avec son meilleur ami Etienne, un excellent cuisinier... Pourtant, après dix-sept ans de bons et loyaux services, la banque lui refuse toute aide financière. Julien décide alors de tirer profit des informations confidentielles dont usent ses employeurs...

Mon avis : Quel bonheur que ce film ! Voici là une excellente comédie "à la française" ; drôle, intelligente, remarquablement construite, avec une floppée de comédiens irrésistibles. En fait, cette comédie n'est pas si légère qu'il y paraît. C'est même une étude sociologique très poussée dans laquelle nombre de vérités sont dites et montrées.
Le scénario est implacable, très humain. C'est une fable. Ou comment un minuscule grain de sable peut en arriver à gripper une machine parfaitement huilée jusque là.
Ce grain de sable, c'est Gérard Lanvin. Il est absolument épatant de véracité dans ce rôle. Il n'en rajoute pas, il est dans la normalité, voire même à la limite du sous-jeu. Aucun machiavélisme chez lui, aucune agressivité. C'est juste la réaction d'un bonhomme lambda face à ce qu'il considère comme une réelle injustice : pourquoi les dirgigeants de cette grosse banque d'affaires pour laquelle il a donné dix-sept ans de sa vie et où ses services semblaient très appréciés, le méprisent-t-ils ainsi en lui refusant un modeste prêt ? Il se comporte alors comme un individu moralement blessé dans sa dignité. Et Lanvin est parfait. Tout en retenue, parfois dépassé par le comportement de ses copains, ces personnes modestes qui l'entourent.
Copains symbolisés par un Darroussin qui nous concocte une composition d'une finesse absolue. On ne peut que se reconnaître en lui car il n'est pas tout d'une pièce. Il est même assez complexe. Sûr de lui derrière ses fourneaux, fragile et puéril quand il se met à aimer comme un collégien, vindicatif et âpre au gain quand ses économies sont menacées, égoïste et pusillanime quand il se sent en danger, généreux et altruiste quand il redevient lucide... Au fond, il a très bon fond. Il nous sert une prestation de haut vol qui nous le rend terriblement sympathique car vachement humain avec toutes ces qualités et ces défauts.

Si Lanvin et Darroussin peuvent nous fournir un tel numéro de comédie, c'est aussi parce qu'ils sont entourés d'une brochette de comédiens éminement jouissifs.
De film en film Barbara Schulz est de plus en plus féminine. Fofolle, pétillante et touchante, elle est vraiment craquante et "aimable" dans le sens étymologiste du terme. Laurent Gamelon, égal à lui-même, est truculent à souhait. Philippe Magnan, qui nous offre habituellement tant de remarquables compositions au théâtre, est une fois de plus troublant d'authenticité dans ce rôle de PDG hautain redoutablement roué...

Ce film est un délice pour gourmet. Les dialogues, sucrés-salés, parfois acides, sont savoureux. La peinture du milieu des nantis est acerbe. Certaines scènes sont de purs moments d'anthologie (je pense en particulier à celle avec les parents d'Harmony). Les quiproquos ne sont jamais lourdingues. Bref, cest un film qui a du sens ; du fond et du sens. Personnellement, j'y ai plus pris de plaisir qu'à Bienvenue chez les Ch'tis.
Il faut aussi souligner l'importance et la qualité de la musique qui est spécifique à chaque classe sociale, classique quand il s'agit des riches. Et quelle heureuse trouvaille que l'emploi du cor de chasse !
Je suis persuadé que, quand les Américains vont découvrir ce film, ils vont vouloir en faire le remake...

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