mercredi 1 février 2012

Cauet sur scène


Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 42 02 27 17
Métro : République / Goncourt

One man show écrit par Cauet, Daive Cohen, Mickaël Quiroga
Mis en scène par Eric Théobald
Musique d’Alexandre Frican

Le pitch : Cauet, foudroyé sur scène, va devoir rendre des comptes s’il veut éviter l’enfer. Pour accéder au ciel, il va remonter le temps et retracer les étapes fortes de sa vie pour tenter de prouver qu’il mérite bien sa place au paradis… ou pas. En partant de son enfance, en passant par l’adolescence, les filles, l’arrivée à Paris, la galère, les femmes, le début de la gloire… la femme… et les enfants.
Cauet, sans concession, va rire de tout et surtout de lui-même, de son parcours, de ses échecs, de ses peines, de ses succès, en n’épargnant personne ni dans l’humour, ni dans la tendresse.

Mon avis : Hormis une « première partie » fugitive, un gag inutile, dont on se passerait volontiers, les premiers pas de Cauet dans l’exercice redoutable du one man show sont tout à fait honorables.
Il entre en scène sur un pré-générique très américain illustré par une animation amusante des deux mini-Seb qui, sur son affiche, sont assis sur ses épaules : l’angelot et le petit démon. D’ailleurs, le show va être émaillé tout du long par quelques effets spéciaux du meilleur goût et, surtout, souligné par une excellente bande son, puisée à bon escient dans sa longue expérience radiophonique. Voici pour l’habillage.

Le postulat de départ repose une excellente idée. Victime d’un accident, Cauet se retrouve dans l’au-delà où il va devoir souscrire à une forme d’examen de passage pour déterminer s’il va gagner le paradis ou rôtir en enfer. Cruel challenge car il va lui falloir démontrer qu’il mérite le premier face à quelqu’un qui, semble-t-il, connaît tout de lui. L’expérience est périlleuse. Cauet va ainsi faire défiler sa vie dans l’ordre chronologique en étant contraint à une totale honnêteté. Evidemment, le petit démon va parfois l’amener à commettre ça et là quelques dérapages… On peut trouver bizarre de construire un spectacle sur sa disparition, mais on comprendra plus tard que la mort a fait très tôt partie de sa vie. Il entretient avec elle un rapport particulier, pour ainsi dire légitime.

Ce spectacle adopte donc la forme du stand-up. Cauet se raconte du berceau à aujourd’hui, de son enfance dans l’Aisne à la popularité audiovisuelle... Un Picard sinon rien. Il les revendique haut et fort ses origines et se fait un plaisir (et pour le nôtre aussi) de reprendre cet accent cousin de celui des Ch’tis. Il balaie large, évoque ses parents, sa famille, le travail à la sucrerie, ses amis, dresse avec beaucoup de doigté le portrait de son ami d’enfance un tantinet bizarre sans pour autant le mettre à l’index, ses premières copines, les régimes, la perte précoce de ses cheveux… Il nous dévoile ses talents cachés de guitariste et se révèle être un honnête imitateur… De temps à autre, il campe un ou plusieurs personnages pittoresques comme madame Baptiste, la voyante antillaise ou les membres actifs d’une association d’échangistes… Jamais il ne s’épargne, jamais il ne craint pas de se tourner en ridicule. Avec sa bonne bouille et ses réels donc de bateleur, il nous embarque sans difficulté dans son univers intime. Le tout est saupoudré de jolies formules (« David Guetta, c’est un hold-up à l’envers : c’est lui qui lève les bras et c’est lui qui prend le pognon ! ») qui font mouche, ou de clichés plutôt savoureux.
Pour un néophyte de la scène, il s’y montre très à l’aise. Il bouge bien, il est vraiment étonnant de facilité.

Mais ce qui ressort le plus chez lui après l’avoir fréquenté pendant près d’une heure et demie, c’est la profonde sympathie qu’il dégage. Très chaleureux, distillant avec pudeur une sorte de tendresse bourrue, on le sent sincèrement proche des gens. Même si on n’est pas forcément client de son humour radiophonique ou télévisuel, on se dit que ce doit être sympa de l’avoir pour ami. Et puis, sur scène, son texte est cadré. Il n’y a pas la place pour s’abandonner à son pêché mignon qu’est la gauloiserie. On pose donc sur lui un autre regard. Ce n’est pas bien sûr le one man show du siècle, ni même sans doute de l’année, mais c’est un spectacle honnête et respectable qui se laisse voir sans qu’on s’y ennuie une seconde. Pour un coup d’essai, c’est assez réussi.

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