lundi 25 juin 2012

Ladies Night


Alhambra
21, rue Yves Toudic
75010 Paris
Tel : 01 40 20 40 25
Métro : République / Jacques Bonsergent

Une pièce de Anthony Mc Carten, Stephen Sinclair, Jacques Collard
Mise en scène par Thierry Lavat
Chorégraphie de Mélanie Dahan
Décors d’Olivier Prost
Costumes d’Anne-Cécile Le Quéré
Lumières de Madjid Hakimi
Avec Linda Hardy (Glenda), Bruno Sanches (Benoît), Julien Tortora (Manu), Alain Azerot (Wes), Luc Tremblais (Gérard), Patrick Rocca (Bernie), Bruno Paviot (Jacky), Xavier Martel (Steph).

L’histoire : Dans une société en crise, une bande de copains touchés par le chômage décide de se lancer dans un dernier défi : faire un striptease comme les Chippendales ! Leurs motivations ? Se prouver qu’ils sont capables d’exister au-delà de leur détresse sociale, familiale et morale. Malgré la difficulté du challenge, ils resteront unis grâce à Glenda, ex-daanseuse, qui les soutiendra et les mènera jusqu’au show final…

Mon avis : Cette pièce est inspirée par le film de Peter Cattaneo, The Full Monty, sorti en 1997. On l’a transposée de Sheffield pour le Nord de la France, région elle aussi durement touchée par le chômage… Elle a été créée pour la première fois en France en 2000 avec entre autres Lisette Malidor, Olivier Marchal, Manuel Blanc, Pierre Cosso… Douze ans après, reprise à l’Alhambra avec une nouvelle distribution, elle est hélas toujours autant d’actualité.

Ladies Night est une comédie sociale sur fond de chômage. Six hommes, pour la plupart anciens mineurs, se retrouvent désoeuvrés, mal dans leur tête, mal dans leur peau. Ils recherchent vainement du boulot et leur mise à l’écart du monde du travail a de douloureuses répercussions sur leur quotidien. Et plus particulièrement dans leur vie de couple et de père. La seule chose qui les tient, c’est un solide lien d’amitié. Comme toujours quand on se trouve dans l’adversité, on se réfugie dans l’ironie. C’est la façon pudique et un peu con des mecs de ne pas se monter de l’affection. Ils se chamaillent comme des gamins, se vannent, se provoquent, en viennent presque aux mains. Mais un transfert de cible et une cannette de bière ont tôt fait de les rabibocher.

Dans cette version 2012, le casting est parfait. Nous avons d’abord affaire à des êtres humains, à des êtres simples avec des physiques banals. Ils sont tellement leurs personnages, qu’on en oublie qu’on est au théâtre. Au-delà de la détresse de leur situation professionnelle et familiale, c’est lorsqu’ils sont ensemble qu’ils existent socialement. Ils se disent tout de leurs problèmes respectifs. Et soudain, le gris de leur morne existence s’éclaire d’une petite, toute petite, lueur d’espoir, un projet complètement fou auquel ils vont s’accrocher comme à une bouée de sauvetage. Toute leur énergie va être focalisée sur ce pari insensé : créer tous les six un numéro de striptease intégral à la façon des Chippendales ! Pourtant, à part Manu (Julien Tortora), ils n’en ont ni la plastique, ni le look. Et puis, il faut apprendre à bouger, à se dévêtir artistiquement sur une musique entraînante. Ce n’est pas vraiment leur truc. C’est là qu’intervient Glenda (Linda Hardy), ex-danseuse, comme eux à la ramasse, mais qui, contrairement à eux, a encore la niaque. Elle va les prendre à bras-le-corps, au sens propre. Elle va devoir composer avec leurs complexes, avec leurs peurs et avec leur fierté de mâle.
Par rapport au millésime 2000, j’ai trouvé que Linda Hardy apportait un petit quelque chose de plus réaliste que Lisette Malidor, qui était plus hiératique, plus inaccessible. La Glenda 2012 est plus proche de ces losers, elle est du même milieu qu’eux, elle est de leur famille ; alors, elle n’a pas de problème pour les comprendre et pour les amener là où elle veut les amener. Elle sait comment il faut leur parler.

Ladies Night est une pièce où l’on rit beaucoup. Cette brochette de comédiens, avec ses personnages si bien typés, est touchante de naïveté et de maladresse. Les dialogues sont simples et efficaces, les vannes savoureuses. On est avec eux, on est eux. On n’a aucune difficulté à se projeter dans leur trip. Aussi irréaliste fût-il.
D’ailleurs le public ne s’y trompe pas, qui réagit comme les spectateurs – et surtout spectatrices – de ce cabaret, qui les encourage, qui les chambre, et se dresse spontanément pour saluer et applaudir leur performance. Si bien que l’on passe un bon moment de partage et de convivialité avec ces Metallo Boys qui nous sont si chair...

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