vendredi 30 novembre 2012

Françoise Hardy


L’Amour fou
EMI


Dire qu’en 1988, à la sortie de son album Décalages, Françoise Hardy avait annoncé qu’elle arrêtait la chanson. Elle n’avait que 44 ans… Je me souviens avoir signé un article attisté que j’avais titré : « Les Décalages de la retraite » ! Heureusement pour nous, il n’en fut rien et Françoise a, depuis ce funeste mouvement d’humeur, enregistré six nouveaux albums dont celui qui vient de sortir, L’Amour fou.


L’Amour fou
Cette chanson qui donne son titre à l’album est un vrai petit film. En tout cas, on n’a aucun mal à y mettre des images. Un carrosse attend une belle comtesse pour la mener au chevet de son amant mourant… C’est le petit matin, on voit Françoise dans le rôle de la dame de confiance qui exhorte sa maîtresse à se hâter ; on imagine de belles robes, un cocher en livrée, des chevaux qui piaffent… Et beaucoup d’émotion… Thierry Stremler a su mettre les notes adéquates pour restituer ce climat à la Barry Lyndon. Et puis il y a la voix de Françoise, son murmure pressant, ses injonctions, sa tendresse complice… Ce titre est magistral.

Les fous de Bassan
Chanson sombre et languissante. Je lui trouve un petit côté Barbara.

Mal au cœur
Jolie petite chansonnette pour une drôle de consultation. Remarquable pour ses rimes en « eur » et son ton faussement détaché.

Vous n’avez rien à me dire
Chanson pleine de doute, de fragilité et d’espoirs contenus. Françoise est allée dénicher un petit poème de Victor Hugo qui décrit merveilleusement la confusion des sentiments d’une jeune femme.

Normandia
Julien Doré s’est totalement en-Hardy tant ce texte aurait pu être d’elle. « Pleure mon cœur imbécile » est une phrase qu’elle ne pourrait renier. Accompagnée d’un piano mélancolique, Françoise démontre une fois de plus combien la nostalgie lui sied.

Piano bar
Une ambiance feutrée et classieuse d’un piano bar de palace. On se plaît à se projeter l’image d’un Serge Gainsbourg au bar du Ritz ou du Raphaël… Alain Lanty a composé une mélodie délicate et ouatée que l’on écoute les yeux mi-clos en savourant un cocktail aux tons pastel.

Pourquoi vous ?
On vient d’évoquer Gainsbourg… On sent de nouveau sa présence tutélaire dans ces rimes en « ou » qu’il a sublimées dans La Javanaise. L’écriture ciselée de Françoise, jouant brillamment avec les allitérations, soulignée par les notes de Calogero, apporte à cette chanson un climat mystérico-romantique. Climat qu’accentue encore la petite ritournelle annonçant « The End ».

Soie et fourrures
Chanson éminemment féminine (qui ne plaira sans doute pas aux féministes), sur une mélodie très élégante de Thierry Stremler… Pouvoir utiliser toutes les affèteries d’une coquette pour Le séduire même si c’est « contre nature », vouloir Lui plaire de façon obsessionnelle mais désincarnée, savoir se contenter des « miettes qu’Il lui laisse »… On pense à L’esclave de Serge Lama… Vous avez dit masochiste ?

L’enfer et le paradis
Chanson dans laquelle le temps s’étire à l’infini pour résumer « toute une vie à nous attendre ». Alternance de moments doux et de moments durs, de printemps et d’hivers, de feu et de froid… On la sent très, très personnelle cette évocation qui synthétise « toute une vie dans le silence » plombée par ses propres « dilemmes » et contrariées par ses « absences » à lui.

Rendez-vous dans une autre vie
Ma deuxième chanson préférée après L’Amour fou. Peut-être parce qu’elle est (presque) entraînante et légère. Manière élégante (le vouvoiement entre autres) de signifier la fin d’une longue union, sorte de désamour courtois avec, à en point d’orgue, remerciements sincères pour les « beaux rêves, folies et fièvres » qui l’auront émaillée.

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