samedi 28 septembre 2013

La société des loisirs

Petit Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009 Paris
Tel : 01 42 80 01 81
Métro : Trinité / Blanche / Saint-Lazare

Une pièce de François Archambault
Adaptée par Philippe Caroit
Mise en scène par Stéphane Hillel
Scénographie d’Edouard Laug
Lumières de Laurent Déal
Costumes de Nicole Meyrat
Avec Cristiana Réali (Marie), Philippe Caroit (Marc), Stéphane Guillon (Antoine), Lison Pennec (Anne)

L’histoire : Marie et Marc sont heureux, très heureux. Ils ont un métier stressant mais épanouissant, une maison avec une piscine qu’il faut entretenir, un enfant adorable mais qui pleure beaucoup ; et bientôt un deuxième enfant. Par manque de temps, ils ont choisi cette fois l’adoption : une petite Chinoise. Bref, un couple rayonnant, moderne, un couple modèle… enfin presque…
Ce soir, ils ont invité à dîner Antoine, leur meilleur ami, pour lui annoncer qu’ils ne se verront plus depuis qu’il a repris une vie de fêtard et de célibataire. Mais cette soirée ne va pas se dérouler comme prévu…

Mon avis : Je suis triste, très triste. Faisant abstraction d’un titre peu attractif, je me réjouissais de voir réunis à l’affiche trois personnes que j’apprécie particulièrement, Cristiana Réali, Philippe Caroit et Stéphane Guillon. C’était vraiment alléchant.
Et bien, ils ne m’ont pas déçu. Au contraire, eux et Lison Pennec, que je ne n’avais jamais vue, ont fait preuve d’un indéniable talent. Il n’y a rien à leur reprocher. Ils mettent chacun tout leur cœur à défendre une pièce qui n’est pas à la hauteur de leur brio.


Ça commence plutôt bien avec une présentation originale, sous forme d’interview, du couple Marie/Marc. On assimile très vite les grandes lignes de leur caractère respectif. Adeptes affirmés de la Méthode Coué, ils affichent tous deux un bonheur en trompe-l’œil. Ils se vautrent complaisamment dans l’artifice et le faux-semblant jusqu’à pratiquer un cynisme involontaire. Bref, ils s’illusionnent et cohabitent plus qu’ils ne vivent ensemble. D’ailleurs, leurs conversations sont complètement fumeuses, au propre comme au figuré.

On se dit que, quand les invités vont faire leur entrée, les échanges vont être croquignolets. Effectivement, l’arrivée d’Antoine et Anne va donner lieu à quelques jolies passes d’arme. Et puis la pièce commence à se déliter, à tourner en rond, à s’installer dans une sorte de faux rythme. Ça me donnait l’impression d’une scie émoussée qui aurait néanmoins gardé ça et là quelques dents bien acérées. En effet, de temps à autre, on s’amuse à quelques répliques bien senties, à quelques fulgurances acides et vachardes qui nous font regretter qu’elles ne soient pas plus nombreuses. Ce serait comme un plat assez fade qui nous surprendrait parfois par quelques bouchées bien relevées.


J’en ai déjà parlé, le titre, La société des loisirs, est trop pompeux, trop ambitieux ; il ne peut que desservir la pièce car il n’est pas explicité. On comprend bien sûr ce qu’il voudrait dire, mais le thème n’est pas sociétal. Il ne repose que sur le relationnel individuel de quatre personnes… Ensuite, le postulat de départ - organiser un dîner pour annoncer à leur meilleur ami qu’ils ont décidé de ne plus le voir en raison de sa vie de débauche – c’est tout de même une attitude plutôt rarissime. Il va en découler des situations et des dialogues peu plausibles… En revanche, vers la fin, il y a une scène réellement réussie, un petit moment de folie plein de vivacité qui, là encore attise nos regrets. Avec une écriture plus rigoureuse, cette comédie aurait pu être d’un très bon niveau.

On se contente donc de quatre excellents numéros d’acteurs. Comme toujours, Cristiana Réali est parfaite. Elle a une vraie présence comique… Philippe Caroit joue à merveilles un type pusillanime et versatile… Stéphane Guillon confirme qu’il a la carrure et un bel éventail de jeu pour mériter une belle carrière au théâtre… Et Lison Pennec est une jolie révélation. Elle joue juste, fait preuve d’un bel abattage et de beaucoup de finesse…
En conclusion, on assiste à quatre beaux numéros de solistes, des interprètes à qui ont fait jouer une partition qui ne nécessite hélas pas autant de virtuosité. On voit bien qu’ils ont accompli un sacré boulot, qu’ils y ont mis tout leur cœur, qu’ils sont vachement complices… Bref, ce sont quatre brillants acteurs embarqués dans un mauvais scénario.
Oh, comme je suis chagrin…

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