mardi 24 septembre 2013

Robin revient 'Tsoin Tsoin"

Théâtre de la Porte Saint-Martin
18, boulevard Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 00 32
Métro : Strasbourg Saint-Denis

One woman show écrit et mis en scène par Muriel Robin
Assistée de Clara Guipont
Lumières de Xavier Maingon

Le spectacle : On en rêvant depuis huit ans, Muriel l’a fait. Robin revient. On retrouve sur scène celle qu’on a connue, celle qui nous a fait rire avec les choses de la vie. On la reconnaît : ses yeux noirs ronds comme des billes, de petite fille qu’elle n’a jamais été. Muriel Robin revient de loin. Tout a changé. Elle a changé. La silhouette et la femme dedans. Elle est prête. Et toujours aussi drôle. Nouvelle Muriel, nouveau spectacle où se trame l’histoire de sa vie qui est un peu la nôtre…

Mon avis : Robin revient ! Plus qu’un retour, c’est une re-naissance. 2005-2013… Huit ans qu’elle ne s’était pas produite sur une scène. Certes on avait pu la voir, mais c’était en duo (Fugueuses avec Line Renaud en 2008 et Les diablogues avec Annie Grégorio en 2009). Elle avait sans doute besoin de jouer, mais avec des béquilles pour conserver l’équilibre. Seule, elle n’aurait pas tenu debout. Ce n’est pas un hasard si son dernier one woman show s’intitulait Au secours !. L’appel était réel. Le désarroi était profond. Elle aurait pu également baptiser son spectacle « Attention, fragile ». Pour elle, plus viscéralement que chez d’autres, l’humour est véritablement la politesse du désespoir. Et elle est très polie Muriel. Trop pudique aussi.

Robin revient ! Elle n’a pas huit ans de plus, mais huit ans de moins. Robin de jouvence… Radieuse, épanouie, bien dans son corps et dans sa tête. Dans son cœur aussi. Pourquoi éprouve-t-elle ce besoin de clamer son retour à grand renfort de « Tsoin-tsoin » ? Envie de rassurer certainement. Rassurer son entourage, rassurer son public, se rassurer elle-même aussi. Alors, dès son entrée en scène, entourée de voiles noirs, elle s’explique sur ce foutu tunnel. Un tunnel néanmoins éclairci par deux lucarnes télévisuelles : Marie Besnard et Mourir d’aimer ; deux histoires sombres et dramatiques qui correspondaient parfaitement à son état d’esprit de l’époque. Mais deux succès aussi qui permettaient de franchir à gué, non pas huit, mais « sept années de dépression ». Elles les a comptées.


Robin revient ! Elle revient pour raconter sa vie. Essentiellement son enfance, sa jeunesse et ses débuts dans le métier qu’elle s’est choisi. Une drôle d’autobiografille pas si marrante que ça. Mais elle la raconte avec son regard aujourd’hui distancié et un sens de l’humour salvateur. Muriel a mis huit ans – sans doute plus encore – pour atteindre et briser son oppressant plafond de verre.
Je ne raconterai pas son seule en scène. Elle le fait très bien elle-même. Robin revient en présentant une autre forme de spectacle. Les sketchs sont mis de côté pour un instant au profit d’une sorte de stand-up dans lequel il y a plus du Muriel, du « Mumu » même, que du Robin. Elle se livre avec une franchise totale. Y compris dans les relations les plus intimes. Elle nous aide à comprendre comment elle a été déconstruite. Elle évoque ses questionnements, ses complexes, ses angoisses. Mais elle ne tombe jamais dans le pathos parce qu’elle le fait à la Robin, avec cette force comique qui n’appartient qu’à elle, ses intonations si personnelles, cette gestuelle unique.
Vous l’aurez compris, Robin revient n’est pas un spectacle où l’on se tape sur les cuisses. Le rire vient plutôt du cœur. C’est le mot : on rit de bon cœur. On rit parce qu’elle a envie de nous faire rire avec ses mésaventures. Et puis elle a ce talent de savoir distiller l’émotion sans appuyer le trait, avec une forme de bienveillance régénératrice. Et nous, on est en totale connivence avec elle. Je pense qu’avec se spectacle Muriel, qui a toujours eu faim d’amour, va être rassasiée.

Muriel outragée ! Muriel brisée ! Muriel martyrisée ! Mais Muriel libérée !!! Libérée de sept ans d’occupation d’une sale maladie.
Et, à la fin, image on ne peut plus symbolique, les voiles noirs se décrochent et tombent sur la scène.

La salle est debout. La ferveur enfle et envahit la scène. Muriel essuie furtivement quelques perles de joie. On pense au bonheur de Brel avec sa Mathilde : « Muriel est revenue ! »

Gilbert "Critikator" Jouin

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