lundi 8 décembre 2014

Béatrice Costantini "Made in Paris"

Le Zèbre de Belleville
63, boulevard de Belleville
75011 Paris
Tel : 01 44 43 80 72
Métro : Belleville / Couronnes

Concert le 15 décembre 2014


Il n’y a pas que Zaz qui reprenne les plus belles chansons sur Paris, il y a belle lurette que Béatrice Costantini les a reprises à son compte. De récital en récital, elle a même extrêmement évolué.
Au début, trop respectueuse sans doute de ces chansons-culte, elle les livrait telles qu’elles avaient été créées. Or, depuis quelque temps, portée par un incroyable trio de musiciens, elle s’est amusée à les revisiter, à leur donner un sacré coup de jeune et, finalement, nous donner de tous ces grands standards une nouvelle lecture.
Comme elle est autant comédienne que chanteuse (elle a tout de même une trentaine de films et une vingtaine de téléfilms à son actif), elle apporte un jeu d’actrice à son interprétation. C’est vif, moderne, haut en couleurs.


Il faut vraiment insister sur l’originalité et la créativité des arrangements. Béatrice, littéralement enveloppée par des sons d’une rare qualité, peut s’appuyer dessus et s’offrir ainsi un espace de liberté total.
On passe vraiment un très bon moment avec ce spectacle baptisé Made in Paris.
Et puis, la salle du Zèbre de Belleville est un lieu unique, convivial, un écrin parfait pour ces perles de chansons parisiennes.


mardi 2 décembre 2014

Kiss & Love

Warner Music France





Hier, 1er décembre, c’était la journée mondiale de lutte contre le sida.
Ce fléau étant toujours aussi vivace et menaçant, vous pouvez contribuer à le combattre en vous procurant le double CD Kiss & Love.
Pascal Obispo a réussi l’exploit de rassembler 120 artistes pour enregistrer cet album qui, non seulement, DOIT figurer dans votre CDthèque en raison de la qualité et de l’originalité des duos y ont été formés, mais vous permet également de participer à une action caritative qui nous concerne tous.

Les vingt duos, uniquement composés pour ce disque, sont en tous points remarquables. Musicalement, ils sont accompagnés par un orchestre symphonique qui donne une ampleur inégalable aux chansons.
Difficile d’en ressortir quelques uns par rapport à d’autres tant le niveau qualitatif est élevé. D’autre part, Pascal Obispo s’est ingénié à marier des voix et des personnalités qui, au-delà d’une complémentarité qui, à l’écoute, nous paraît évidente, ne laisse pas également de nous surprendre parfois par sa singularité.

Toujours aussi subjectivement, j’ai plus particulièrement apprécié certains « attelages », sachant que la vérité d’un jour ne serait peut-être pas celle du lendemain. Question d’état d’esprit et de sensibilité au moment de l’écoute.
J’ai ainsi été fortement séduit par le duo Zaz-Christophe Willem sur Foule sentimentale…
Puis, dans un ordre arbitraire Lara Fabian et Michel Jonasz sur Parler d’amour, Joyce Jonathan et Emmanuel Moire sur Si seulement je pouvais lui manquer, Eddy Mitchell et Thomas Dutronc sur Ma petite entreprise
Ensuite viennent Nolwenn Leroy et Francis Cabrel sur Lucie, Florent Pagny et Patrick Bruel sur Un homme heureux, Claire Keim et Jean-Jacques Goldman sur Ça, Hélène Ségara, Liane Foly, Julie Zenatti et Chimène Badi sur L’envie d’aimer, et Cali et Pascal Obispo sur Hors saison.

Mais tous ces duos ainsi que le bouquet final collectif qu’est Kiss & Love, sont réellement d’une excellente facture. C’est un beau, très beau produit.

Total respect, Môssieur Obispo…

samedi 29 novembre 2014

Sur le bout de la langue

Ciné XIII Théâtre
1, avenue Junot
75018 Paris
Tel : 01 42 54 15 12
Métro : Lamarck-Caulaincourt / Abbesses

Une pièce de Kathleen Oliver
Traduite par Marie-Paule Ramo
Mise en scène par Marjolaine Aïzpiri et Hélène Labadie
Lumière d’André Diot
Musique de Frédéric Fresson
Avec Claire Bosse-Platrière (Catherine), Simon Dusigne (Thomas), Anne Plantey (professeur Cortex), Camille Valin (Sonja)

Présentation : Sur le bout de la langue, c’est l’histoire du Désir : celle d’un frère et d’une sœur dont le cœur chavire pour la même personne ; un cache-cache amoureux où chacun se cherche et où tous s’affrontent en un défi poétique permanent. On s’y travestit beaucoup. Au festival des apparences, le plus habile ou la plus délurée n’est pas celle (ni celui) qu’on croit. Une heure trente de chaises musicales et d’intrigues qui rappellent les comédies romantiques de Shakespeare et la poésie lyrique de Cyrano.

Mon avis :
Quand j’ai abandonné le doux coin de mon âtre
Pour me rendre hier au Ciné Treize Théâtre
Je ne savais du tout quel genre de moment
M’offrirait cette pièce et son titre intrigant
Que pouvait signifier Sur le bout de la langue ?
En arrivant c’est moi qui la tirais, la langue :
De Lamarck-Caulaincourt, il y a du métro
A l’avenue Junot, des escaliers en trop !

Mais on oublie tout ça à peine qu’on s’installe
Bien confortablement dans cette jolie salle
On n’ose pas parler ni trop faire de bruit
Car déjà les acteurs sur scène sont assis
Le décor quant à lui n’est pas très encombrant :
De quatre portes il n’est que leur encadrement
Cinq chaises et un bureau sur lequel est posé
Un amas conséquent de feuilles de papier

La seconde surprise est que les comédiens
Ne se parlent entre eux rien qu’en alexandrins
Mais on l’oublie souvent tant le ton qu’ils emploient
Nous sonne naturel et moderne à la fois
Le thème de la pièce est à double niveau
Il aborde à mes yeux deux sujets principaux
L’art de la poésie est le premier des deux
Et le deuxième c’est le désir amoureux


Nos quatre comédiens s’en donnent à cœur joie
Passionnés, intrigants, guidés par leurs émois
Ils fomentent enfiévrés d’habiles stratagèmes
Pour séduire à la fin celle ou celui qu’ils aiment
En une heure et demie de rebondissements
De mystifications, de travestissements
On se sent emporté dans un fou tourbillon
Dans lequel on ne sait qui est fille ou garçon

Le point fort de la pièce est entier dans le jeu
Tant ils sont épatants, tant ils sont généreux
Chacun des personnages a sa psychologie
Il joue son rôle à fond comme jouant sa vie
On se laisse emporter par leur intensité
Par leurs élans fougueux, leur désir survolté
Il y a la coincée, il y a la joueuse
Il y a l’exalté et puis la malicieuse

Cette pièce, je pense, et vous l’aurez compris
Est faite de rebonds et de marivaudages exquis
Il y a du Shakespeare et du Molière aussi
C’est vraiment bien construit et surtout bien écrit
L’action est maîtrisée, brillante est l’éloquence
Et l’intérêt ne fait que monter en puissance
C’est émouvant de voir à la fin, c’est si bon
Public et comédiens heureux à l’unisson


Gilbert « Critikator » Jouin

mardi 25 novembre 2014

Adamo chante Bécaud

Polydor / Universal Music



C’est profondément guidé par « un peu d’amour » et beaucoup « d’amitié » que Salvatore rend hommage à Gilbert Bécaud en reprenant une quinzaine de ses chansons.
Gilbert Bécaud a beaucoup compté pour le jeune Salvatore à ses débuts. Avec Brassens, Brel et Béart, il fait partie de ce qu’il appelle respectueusement ses « quatre B ». Chacun d’eux a été une de ses sources d’inspiration et contribué à le former artistiquement. Ils font partie, chacun avec son univers, de ses « guides ». Gilbert Bécaud l’aurait même influencé musicalement avec sa manière d’utiliser le piano.
Salvatore avait 22 ans quand il a assisté pour la première fois à un tour de chant de son aîné de seize ans. C’était à l’Olympia, en 1965 : « J’ai été fasciné par son numéro. J’ai compris que c’était un chemin à suivre ». Par la suite, étant dans la même maison de disques, les deux hommes, amenés à s’y croiser souvent, se sont fréquentés, entretenant « une jolie relation ».


Ce chemin, Salvatore Adamo a donc décidé de le faire sien près de cinquante ans plus tard. Considérant que la mémoire de cet immense interprète n’était pas entretenue à sa juste valeur dans les médias, il lui consacre un album entier.
Salvatore ne nous trompe pas sur la marchandise. Son CD s’intitule « Adamo chante Bécaud ». Et c’est du Adamo qu’il nous propose. Il aurait cherché à faire du contre nature qu’il se serait inévitablement électrocuté sur du 100.000 volts.
Adamo est un hypersensible. Il chante d’abord avec le cœur. Là où Bécaud était dans l’énergie, dans la fougue, dans la théâtralité, Adamo fait dans la douceur, dans le sentiment. Il aime les mots. Il a l’art de les distiller, de les mettre en exergue, de leur donner tout leur sens. Avec sa diction parfaite et une voix très en avant, son interprétation nous fait entendre les chansons différemment. Il nous les fait redécouvrir alors qu’on pensait leur interprétation originale gravée à jamais dans notre mémoire.

Photo ABACA
Bien sûr, c’est dans les chansons tendres et poétiques qu’Adamo excelle. Il recrée les situations, nous les fait revivre en leur apportant une autre vision. Je reviens te chercher, C’est en septembre, Un peu d’amour et d’amitié prennent ici une dimension pleine de délicatesse.
Ce qui est bien dans cet album, c’est que chaque titre a hérité d’une couleur musicale et de sons qui lui sont propres. Par exemple, ambiance country pour L’important c’est la rose et folk pour Nathalie. Grâces soient rendues à la réalisation léchée et inventive de Dominique Blanc-Francart.

Personnellement, j’ai hautement apprécié que Salvatore exhume Croquemitoufle, une chanson dont le texte, truffé de néologismes et empreint d’une grande poésie, m’intriguait et m’émerveillait à la fois quand j’avais une quinzaine d’années.
Mais il y en avait tellement des bonnes et grandes chansons parmi les quatre-cents qu’il a enregistrées. En sachant s’entourer de formidables paroliers comme Louis Amade et Pierre Delanoé entre autres, Gilbert Bécaud a vraiment marqué son temps. Il a été un artiste total, entièrement voué à sa passion.
C’est bien, vraiment bien, que Salvatore Adamo lui rende ainsi hommage.

Clin d’œil, volontaire ou pas, le dernier titre de l’album est Mes mains… De manière subliminale, à la fin, on a envie d’ajouter « sur tes hanches ». Elle n’est pas jolie la passerelle ?...

vendredi 21 novembre 2014

Comedy Contest 2014


J’ai assisté, à Bobino, à la finale française du Comedy Contest 2014, concours destiné aux humoristes en herbe dont les trois heureux élus participent ensuite à la grande finale francophone au Montreux Comedy Festival.
Présidée par son charismatique et passionné créateur, et Grégoire Furrer, et animée par un Jérémy Ferrari toujours aussi incisif et iconoclaste, cette édition présentait huit concurrents, par ordre d’apparition en scène, Jeanfi, Samy Amara, Mathieu Schalk, Drawer, Emmanuel & Jeanne, Lionel Lacroute, Laura Laune, Charly Nyobé.

Comme d’habitude, je me suis amusé à noter tous les participants. Et mon tiercé s’est avéré dans un ordre identique à celui qu’a retenu le jury. Je dois reconnaître que, au moins pour les deux premiers, c’était une évidence que de les choisir.


La gagnante 2014 a été Laura Laune. Son numéro de prof gauche et complexée est très au point. C’est bien écrit, bien joué, plein de bon sens, truffé de bonnes vannes avec une utilisation intelligente du second degré. Un seul petit reproche : quelques grivoiseries un peu lourdes et faciles.


Les deuxièmes ont été le couple Emmanuel & Jeanne. J’avais déjà apprécié leurs différents passage à l’émission On n’ demande qu’à en rire sur France 2. Il y a chez eux une grande qualité d’écriture et ce sont d’excellents comédiens qui s’investissent à fond dans leurs personnages. Avec un soupçon d’absurde, une pincée d’humour noir et un habile parallèle entre une réunion de travail en entreprise et la vie de couple, leur sketch était parfaitement maîtrisé. Un seul petit reproche : Jeanne n’a pas besoin de s’habiller aussi court. Ça détourne l’attention et ça n’ajoute rien au propos.


La troisième marche du podium a été conquise par Charly Nyobé. Très à l’aise dans le stand-up, il jongle parfaitement avec le quiproquo. Et les situations qu’il décrit avec pas mal de drôlerie nous amusent d’autant plus qu’elles font partie de notre quotidien.

Il existait un réel fossé entre les trois lauréats et les autres candidats. Pour moi, l’édition 2014 n’était pas un grand cru. J’ai noté un vrai potentiel chez Jeanfi. Il a une bonne bouille. On dirait un mini-Jean-Paul Gaultier. Et puis je crois que Samy Amara est passé à côté de son sketch car on le sent facile, il manie bien l’humour noir, mais la sauce n’a pas pris ce soir-là. Problème psychologique ?
Lionel Lacroute n’a pas été mauvais non plus. Il y a matière mais il lui faut beaucoup travailler et il est sympathique.
J’ai trouvé Drawer un tantinet poussif, sans trop de relief. Quant à Mathieu Schalk, vu le niveau que l’on a en France chez les imitateurs, je n’ai rien décelé de prometteur chez ce garçon aux voix très approximatives et aux textes très moyens.

Le show s’est terminé avec deux sketchs. Un du lauréat de l’an dernier, Vincent Dedienne, très bon comédien, et un de ce virtuose du powerpoint qu’est Pierre Croce. Je l’avais repéré dans On n’ demande qu’à en rire. Il a un univers qui lui est propre. C’est vif, original, surprenant et toujours intelligent. Je miserais beaucoup sur ce garçon.

Et puis j’ai beaucoup apprécié le dialogue instauré entre Jérémy Ferrari et Vincent Dedienne. Un bon moment d’humour fort bien écrit et interprété.

Stéphane Rousseau brise la glace

Palais Royal
38, rue de Montpensier
75001 Paris
Tel : 01 42 97 40 00
Métro : Palais-Royal

Spectacle écrit et interprété par Stéphane Rousseau.

Présentation : Après ses Confessions, Stéphane Rousseau brise la glace pour nous faire découvrir toutes les facettes de sa personnalité. Il nous accueille sur scène comme à la maison, pour nous offrir un spectacle plus personnel mêlant stand-up et musique live.
Accompagné de deux musiciens, Emmanuelle Caplette, à la batterie, et William Croft, aux claviers et guitares, il se livre en toute décontraction comme pour une jam session entre amis à laquelle le spectateur est convié.
C’est l’occasion pour lui d’aborder des thèmes comme la maturité, la paternité, l’amitié, l’égoïsme, l’amour… Il confie, avec franchise et une bonne dose d’autodérision, ses travers : son goût pour la paresse, son absence d’empathie, les qualités qui lui font défaut, ou encore les lendemains de fête qui déchantent et lui font promettre, à chaque fois, qu’il ne boira plus jamais.

Mon avis : De tous les spectacles que j’ai vus de Stéphane Rousseau, je pense que celui-ci est le plus abouti. Je n’irai pas jusqu’à prétendre que c’est celui de « la maturité » (terme si cher aux exégètes) car je crains que ce gamin de 48 ans ne parvienne jamais à être mûr… Mais, s’il n’est pas mûr, en revanche, il est lucide. C’est ce trait de caractère qui est finalement induit dans le titre de son nouveau show, car il « brise » vraiment « la glace ».


Il nous l’annonce d’ailleurs dès son entrée en scène : « je vais être moi-même » et il ajoute même avec autant de mauvaise foi qu’un Sarkozy sur le retour : « J’ai changé ! ». En fait, quand on l’écoute attentivement, c’est surtout le temps qui l’a changé ; qui a changé son corps et érodé son énergie. Et il s’amuse à décrire toutes les dégradations qu’il a constatées…
Dans ce spectacle, Stéphane Rousseau se livre sans pudeur, avec beaucoup d’humilité et énormément d’autodérision. Ce qui ne l’empêche pas – et c’est tant mieux pour nous – de jouer néanmoins les fanfarons. Alors qu’il a tout pour lui (ma voisine inconnue et ses deux copines, aussi enamourées qu’enthousiastes, ne me contrediront pas) : il est beau, bien habillé, il est aussi bon acteur, que danseur et que chanteur… Mais, malgré tout, il se complaît à se rendre minable avec, de temps à autre, un petit sursaut de narcissisme. C’est cette alternance entre les moments peu glorieux et les envolées emphatiques qui fait le charme de ce spectacle et qui lui donne son rythme. Car, du rythme, il y en a du début à la fin. Stéphane maîtrise l’art du stand-up à la perfection. Il ne se cache plus derrière des personnages. Il est le (presque) seul héros de son histoire.


Stéphane Rousseau est un show-man-né, il est l’archétype de ce que les anglo-saxons nomment un performer. Pour performer, il performe ! Il sait tout faire et le faire mieux que bien. Alors que toutes ces dames et demoiselles sont en pâmoison, nous, en tant que mecs, on ne ressent même pas une once de jalousie. On n’a qu’à constater l’étendue de tous ses dons, soulever son chapeau virtuel et dire : « respect ». Dame nature a trop gâté certains individus, c’est comme ça, il faut accepter cette injustice.
Or, Stéphane Rousseau, conscient de toutes ses qualités qui sont autant d’évidences, tient toutefois à nous rassurer : en dehors de la scène, dans son quotidien, il a plein de défauts. Il met la loupe dessus, s’y attarde, développe avec force exemples… Il ne se fait pas de cadeau. De toute façon, ce sont les défauts, les bassesses, les turpitudes, qui font rire. On ne fait pas rire avec les qualités. C’est comme le bonheur, il n’est pas drôle pour les autres.


Doté de ce sens de l’observation et de la formule qui n’appartient qu’aux humoristes, il décrit des situations qui sont banales pour nous avec des images absolument désopilantes. Je pense, entre autres, à ce jet de douche qui s’évertue obstinément à ne pas être solidaire des autres et qui vous arrose à un endroit dont on n’a pas envie. On l’a tous vécu !
Rousseau brise la glace est donc un spectacle total. Outre son immense talent d’entertainer, sa générosité n’a d’égale que la sympathie qu’il dégage. On est tout de suite en empathie avec lui, on a envie qu’il soit notre copain (voire plus quand on appartient au beau sexe).

Enfin, quand on parle de spectacle total, il faut également saluer la présence des deux musiciens-complices qui l’accompagnent. Ils jouent pour lui autant qu’il joue avec eux, souvent à leur détriment. Ce qui est amusant, c’est que ces deux instrumentistes hors pair ont échangé les rôles : William Croft, le bûcheron canadien chevelu et barbu est au clavier et à la guitare tandis que sa partenaire, la fragile Emmanuelle Caplette, clone de l’héroïne du film Millenium, en moins trash toutefois, est à la batterie.

Gilbert "Critikator" Jouin

jeudi 20 novembre 2014

Brigitte "A bouche que veux-tu"

B. Records / Columbia




Brigitte (Sylvie Hoarau et Aurélie Saada) est vraiment ce qui est arrivé de mieux à la chanson française ces dernières années avec Daphné, Zaz ou Christine and the Queens (je ne parle pas des installées comme Nolwenn Leroy, Olivia Ruiz, La Grande Sophie…).
Les Brigitte ont fait souffler un vent nouveau, une douce brise qui perd son « r » pour se métamorphoser en bise caressante. Brigitte, c’est un écrin avec deux perles, c’est une bonbonnière avec deux friandises… C’est en restant elles-mêmes qu’elles ont trouvé leur univers. Et c’est en étant elles-mêmes qu’elles nous y ont attiré.

Ah, l’univers des Brigitte ! Il est d’une exquise féminité… Femmes qui s’adressent aux femmes, elles ont particulièrement soigné leur image dans tous les domaines. Aurélie et Sylvie se débarrassent de leur identité propre pour se métamorphoser en Brigitte. Même tenue, même coiffure, même maquillage, elles ne veulent former qu’une. Elles nous offrent ainsi un troublant aspect gémellaire. Rien n’est laissé au hasard.

Leurs musiques et les textes de leurs chansons sont également élaborés dans un même souci de glamour. Disco chic et pop légère leur permettent de se mouvoir de façon langoureuse. Leurs voix, suffisamment éthérées, se mêlent harmonieusement. Et, pour accentuer encore ce fameux trouble qu’elles provoquent, elles ne s’expriment dans leurs chansons qu’à la première personne. Tour à tour lascives, enjôleuses, cajoleuses, elles détaillent leurs sensations, leurs sentiments, leurs états d’âme. Sensuelles certes, mais toujours avec la volonté de ne pas verser dans la caricature en appuyant par trop le trait. Elles ont l’art de saupoudrer juste ce qu’il faut d’humour et de distance…
Femmes qui parlent des femmes, qui s’adressent aux femmes, mais qui réussissent diablement à intriguer et à intéresser la gent masculine. On ne peut que tomber sous le charme. Féminines mais pas féministes, elles éludent toute forme d’agressivité.

A bouche que veux-tu, leur deuxième album est vraiment réussi. Il était très attendu. Elles ont pris leur temps et elles l’ont réellement fignolé.
Avec ma subjectivité habituelle, j’ai dressé mon ordre préférentiel :


1/ A bouche que veux-tu
10 sur 10 ! Tout me plaît… Cette chanson diffuse des sensations exquises. De la petite mélopée susurrée du début au refrain léger qui balance en passant par ce « viens… », invitation terriblement attirante murmurée dans le souffle. C’est un bonbon plein de douceur et de volupté, une ode au désir, à cette peur délicieuse qui précède l’abandon en provoquant des « papillons au creux du ventre »… Et puis l’entrée des cordes aux deux-tiers de la chanson est particulièrement superbe.

2/ L’échappée belle
L’écriture est très travaillée, toute entière consacrée à le recherche de mots qui sonnent… Véritable petit film, cette historiette raconte une rencontre éphémère, une escapade quasi fantasmée. Elle évoque l’excitation du lâcher-prise que l’on peut se permettre lorsqu’on se trouve en terre inconnue loin de ses attaches et de ses repères habituels. Quand tout peut arriver, quand tout est ouvert, quand tout est permis… A souligner la grosse rythmique qui tient le rôle des neurones qui s’agitent dans un cerveau qui ne sait pas s’il va donner le signal pour succomber au désir… Ou pas.

3/ Plurielle
Déjà, c’est un reggae et c’est chouette. Cette chanson rejoint un peu le thème esquissé dans L’échappée belle. Mais là, on franchit le pas. Il faut savoir « oser » pour « s’offrir l’infini des possibles » : « Et pourquoi pas ? ». C’est une ode à la « liberté choisie », au libre-arbitre. Il y a encore une toute petite hésitation, mais on sent bien que le « choix » est fait. Ce qui est en fait le plus jouissif, c’est ce moment où l’on va prendre sa décision et où tout va basculer… Dans ce titre, leurs voix se fondent merveilleusement. On a même parfois l’impression de les entendre miauler langoureusement.

4/ Oh Charlie chéri
Chanson drôle. Très descriptive. Portrait du mâle le plus convoité de la région. Un texte amusant, volontairement au premier degré. Ici pas d’hésitations, pas de fioritures, un seul leitmotiv : figurer au palmarès de ce fieffé séducteur « comme toutes les jupes du quartier ». Texte amusant, bien écrit, très imagé et explicite. L’interprétation, coquine, est complètement assumée. C’est Charlie et ses deux nénettes. On l’écoute avec un petit sourire entendu au coin des lèvres.

5/ Le déclin
Jolie chanson mélancolique sur la fin d’un amour. Musique discrète, voix très en avant. C’est un état des lieux, une recherche de tous les petits signes avant coureurs d’une rupture qui se dessine. On sent déjà une forme de résignation, d’acceptation, tout en se remémorant les bons moments du passé. Le ton est interrogatif, induisant une faible notion d’espoir. Mais la solitude est déjà là, bien présente. D’ailleurs la conjugaison passe au passé, ce qui n’est pas vraiment anodin…

6/ J’ sais pas
Celle-ci pourrait être la suite de A bouche que veux-tu puisqu’elle suggère l’imminence du passage à l’acte. Là aussi la rythmique occupe une place prépondérante. « J’ai chaud » en alternance avec un obsédant « J’ai peur » exprimés dans le murmure, donnent à cette chanson un climat envoûtant et débordant de sensualité qui se traduit par une ambiance de film à la Just Jaeckin.

7/ Le perchoir
Chanson mélodiquement très agréable à entendre. Le texte, bien écrit, fourmille de jolies sonorités et allitérations. Métaphore amusante sur le coq et le mâle dominant en général, un tantinet narcissique et sûr le lui.


Voici donc mes sept chansons préférées.
J’ai aussi apprécié la musique aux sonorités arabisantes de Hier encore. Mais je l’ai trouvée un peu trop forte, ce qui nuit à la compréhension de paroles qui ne sont finalement pas si importantes. Ce devrait être néanmoins une efficace chanson de scène… Sinon, je n’ai ressenti que peu d’intérêt pour Les filles ne pleurent pas en dépit de sa grosse rythmique et encore moins pour Embrassez vous, déclinaison incantatoire du baiser sous toutes ses formes.


En conclusion, A bouche que veux-tu est un album très réussi qui s’écoute à oreilles que veux-tu. Brigitte, qui se conjugue toujours au « plurielle », accomplit une fois encore une échappée belle dans la chanson française qui est loin, très loin d’annoncer un quelconque déclin… Au contraire, je suis convaincu qu’Aurélie et Sylvie ont signé un très long bail dans notre panorama musical. Et c’est tant mieux.

vendredi 14 novembre 2014

Chansonnette

Pour saluer l'association sur scène des Vieilles Canailles, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday et Jacques Dutronc, je me suis amusé à leur écrire un petit texte qu'ils auraient pu mettre en musique et qui aurait pu leur servir de générique pour leur spectacle. On peut toujours rêver...


Les Vieilles Canailles




Refrain commun

Nous avons été des idoles
On a mis le feu aux Sixties
C’étaient vraiment des années folles
On ne parlait pas de showbiz
Des premiers pas au Golf Drouot
Aux un’ de Salut les Copains
On était jeunes on était beaux
On était fous, on était bien
Plus d’un demi-siècle plus tard
On n’a toujours pas dit bye-bye
Toujours partants, toujours fêtards
Nous sommes de vieilles canailles




Couplet Johnny :

Je m’ présent’ : je m’appell’ Jean-Philippe Smet
Je suis né dans la rue, oui, à Paris
Elvis et James Dean étaient mes vedettes
Et mon credo c’était : « Retiens la nuit »
J’ai en moi quelque chos’ de Tennessee
Qui m’empêch’ de laisser tomber les filles
J’ai de très beaux souvenirs, souvenirs
Ma gueule allumait le feu des désirs
Et même quand c’est noir, c’est noir, je n’ai
Pas été un chanteur abandonné
A travers tout’ la musique que j’aime
J’ai chanté à mon public : ‘Que je t’aime »


Couplet Eddy

Moi j’avais deux amis, Jacques et Johnny
Quand j’étais encor’ coursier au Crédit
Lyonnais, souvent ils me disaient « Eddy
Sois bon, tu parles trop », mais chante aussi
C’est la voix d’Elvis, de Gene, et d’Otis
Résonnant sur la Route de Memphis
Qui m’ont mis comm’ Fats et Blueberry Hill
Le cœur entre Nashville et Bell’ville
Là, j’ai toujours un coin qui me rappelle
La bell’ Daniela, la fill’ du motel
Son corps et ses yeux couleur menthe à l’eau
Cett’ dernièr’ séance où ell’ me voit beau


Couplet Jacques

Et moi, et moi, et moi, et moi aussi
Comme Eddy et Johnny, j’aime les filles
Alors qu’il est cinq heur’, Paris s’éveille
Je dors avec la fill’ du Pèr’ Noël
Dans le petit jardin d’ l’hôtess’ de l’air
Y’a des cactus, c’est le monde à l’envers
Le temps de l’amour le plus difficile
C’est quand l’âme sœur n’est pas très docile
Comm’ tous les play-boys, rois de la réforme
J’aim’ voir les femm’ des autr’ comment ell’ dorment
Quand c’est usé, on les jette et adieu

En entonnant l’hymne à l’amour moi l’ nœud 

mercredi 12 novembre 2014

Zaz "Paris"

Warner Music


Zaz dans « son » Paris

Zaz est arrivée tardivement à Paris. Elle avait déjà 26 ans. Auparavant, les villes de sa vie avaient été Tours, Libourne, Bordeaux, Angoulême et Tarnos. Mais avec Paris, où elle se plie au dur métier mais ô combien formateur de chanteuse de cabaret, c’est un véritable coup de foudre. Elle s’éprend de la capitale, s’y trouve bien, y déniche de nouvelles collaborations et vit d’autres expériences musicales. Comme tous les « émigrés », sa passion pour l’endroit où elle se sent adoptée et où elle est heureuse est bien plus forte que pour quelqu’un qui y est né ou qui y a toujours vécu. Pour cette amoureuse de la nature, c’est une révélation. Mais, surtout, Paris est la ville de toutes les rencontres…

Après deux albums à succès, tous deux certifiés albums de Diamant, et une reconnaissance internationale, après avoir exploré d’autres styles de musique, en digne fan d’Ella Fitzgerald, Zaz a souhaité revenir aux sources de sa principale inspiration : le jazz. Comme elle avait déjà excellé dans le jazz manouche, elle a voulu élargir sa palette en y ajoutant d’autres couleurs, particulièrement en s’entourant d’un big band.
Elle avait donc le son, restait à y ajouter la lumière et les images. Son et lumière ? Quoi de mieux justement que la « Ville-Lumière » pour illustrer ce troisième opus, une ville qu’elle aime d’amour, une ville qui a été honorée par des dizaines et des dizaines de chansons. Il n’y avait plus qu’à puiser dans ce riche répertoire, y faire son marché, et sélectionner les onze titres qu’elle allait enregistrer en plus des deux chansons originales, Dans mon Paris et Paris l’après-midi.



Un choix étant par essence subjectif, et il y avait tant et tant de chansons sur la capitale, qu’il ne nous reste plus qu’à découvrir quels ont été ces titres qu’elle a tenu à chanter… Mais avant de les analyser, il faut également signaler que trois d’entre eux ont été arrangés par le légendaire Quincy Jones, oui, oui, celui-là même à qui l’on doit entre autres les orchestrations de The Dude, du cultissime Thriller de Michael Jackson et des fameux singles Beat It et We Are The World… Excusez du peu ! Enfin, pour être exhaustif, Zaz, qui n’aime rien tant que les grands moments de partage, s’est offert la complicité de trois artistes conséquents : Nikki Yanofsky, Thomas Dutronc et… Charles Aznavour.

Maintenant, étudions de plus près ces 13 chansons « capitale(s) ».

1/ Paris sera toujours Paris.
Ce titre, qui ouvre l’album, nous met tout de suite dans l’ambiance recherchée par Zaz, ses arrangeurs et ses musiciens. C’est dynamique, tonique, joyeux. La rythmique est d’enfer, les cuivres (saxo, trompette, clarinette) très présents. Zaz s’y amuse visiblement, y prend du plaisir, se lâche dans une impro en scat très réussie. A noter également les excellents soli à la guitare et à la clarinette.

2/ Sous le ciel de Paris
Cette fois Zaz retient sa voix (dont elle fait vraiment ce qu’elle veut. Elle passe en voix de tête avec une facilité déconcertante) pour une interprétation pleine de douceur. Une douceur que souligne joliment l’accordéon. Là aussi, le solo de saxo est particulièrement bien venu.

3/ La Parisienne
Cette reprise de Marie-Paule Belle est sans doute le titre le plus inattendu de cet album. Elle se l’approprie en l’habillant d’une version « zazzy ». L’arrangement, avec la domination du violon et du violon swing, colle parfaitement à l’esprit de la chanson. Et le débit sur le refrain est complètement effréné. Quelle pêche !

4/ Dans mon Paris
Cette chanson originale est un petit bijou à tout point de vue. Elle s’intègre parfaitement au reste de l’album. L’écriture de cette balade dans les quartiers populaires de Paris est simple mais efficace et, surtout, l’arrangement est somptueux. Ici, le jazz manouche a la part belle. C’est complètement « Grappellien » et « Reinhardtien ». C’est truffé de sonorités amusantes et l’impro vocale de Zaz façon trompette est une jolie trouvaille.

5/ Champs Elysées
Très belle interprétation du tube de Dassin : un big band pour la big avenue. Ça dépote grave.


6/ A Paris
Là encore l’arrangement est particulièrement bien trouvé. L’idée d’accoler la voix de jazz à celles de deux ténors et de deux barytons et de les rythmer judicieusement de « snap and clap » crée un climat vraiment original et très agréable à l’oreille (et même aux deux). La voix, très devant de Zaz nous confirme, si besoin était, que c’est une sacrée chanteuse…

7/ I Love Paris – J’aime Paris
En dépit d’une adaptation française plutôt moyenne, voire médiocre (mais ce n’est finalement pas très important), cette chanson vaut par la joie de chanter ensemble et la fusion vocale entre Nikki Yanofsky et Zaz. Deux filles en totale liberté qui flirtent avec l’excellence. Un grand moment de partage et de communion.

8/ La romance de Paris
Avec son frère de chant Thomas Dutronc, Zaz se sent bien, et ça s’entend. Ils sont tellement complices ! Unis par un amour commun pour ce type de musique, ils sont dans le même trip, le même swing ; leurs voix se marient remarquablement… Outre le solo de Thomas, il faut souligner la beauté de celui de la clarinette. C’est entraînant, festif  et lumineux…

9/ Paris canaille
En adéquation avec l’intention de Léo Ferré, Zaz interprère cette chanson sur un ton vraiment « canaille ». Accompagnée d’un harmonica baladeur, elle prend des accents faubouriens, tout cela à une cadence sur-vitaminée. L’arrangement, inventif, est plein de fantaisie, truffé de sonorités bizarres, d’assonances, d’arythmies, ce qui a pour don de créer un climat assez joyeux.

10/ La complainte de la Butte
Ambiance carrément crépusculaire pour une interprétation bluesy et mélancolique. Ça nous procure une très agréable sensation de vague à l’âme, soulignée par la présence discrète d’un accordéon plaintif. Après tout, dans « complainte », il y a « plainte »… C’est bien qu’il y ait face aux morceaux dominés par le big band ou le jazz manouche, des chansons où Zaz prend le temps de se poser.

11/ J’aime Paris au mois de mai
Quand la fougue se marie avec la sagesse… Ce devait être émouvant pour Zaz de se confronter en duo avec le nonagénaire créateur de cette chanson. Les deux voix sont complémentaires. Même si Aznavour a gardé son sens inné du rythme, sa voix n’a plus la puissance veloutée d’antan. Du coup, pour compenser, Zaz est deux fois plus tonique. Avec le big band en prime, on vit un moment d’une rare intensité. Et j’ai eu l’impression d’entendre Aznavour sourire de plaisir et de satisfaction devant la vitalité de sa cadette de 56 ans…

12/ Paris, l’après-midi
C’est le deuxième titre original de l’album. Bien que je ne l’ai pas trouvé à la hauteur du premier (il est beaucoup plus faible au niveau du texte et du thème), j’ai pris ma part de plaisir grâce à une ambiance trépidante qui traduit parfaitement le bouillonnement de la vie. Quels musiciens !

13/ J’ai deux amours
Après une introduction façon 78 tours qui gratte, ce titre balance gravement. Agrémentée par les wou-wou, les ouah-ouah et le contre-chant d’une chorale gospel, cette chanson nous fait bouger sur place. Chapeau pour l’arrangeur qui a eu cette idée magistrale. C’est parfait de terminer l’album sur cette atmosphère.


En conclusion, le « Paris » de Zaz est tenu. En se faisant plaisir, elle nous transfuse également une bonne dose de bonheur et de joie de vivre.

On dirait une vraie « Titi(te) parisienne. Elle en a la gouaille, la pêche, la sensibilité romantique aussi. Au-delà de sa formidable performance vocale, il faut vraiment insister sur l’extrême qualité des arrangements. Ça représente un sacré boulot en amont. Mais le résultat est là. Sur son petit nuage, Ella Fitzerald a dû souvent claquer des doigts et se mettre à scater… sur son petit nuage. La « First Lady of Swing » peut être fière d’elle : elle a essaimé grave…

mercredi 5 novembre 2014

Les Aventuriers de la Cité Z

Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 90 00
Métro : Havre-Caumartin / Auber

Une comédie d’aventures de Frédéric Bui Duy Minh, Cyril Gourbet, Aymeric de Nadaillac
Mise en scène par d’Aymeric de Nadaillac
Costumes de Martine Bourgeon
Scénographie de Cyril Gourbet
Musique de Fred Ambrosio
Animations de Damien Garavagno
Avec Sara Lepage (Joan Fawcett), Cyril Gourbet (Jack Beauregard), Aymeric de Nadaillac (Spountz, Ahmed, Kong, Pépito; etc…), Loïc Trehin (Charles Valette, Lady Mc Guffin, Grand Précieux, Howard Carter, etc …)

L’histoire : En 1925, le célèbre explorateur anglais Percival Harrison Fawcett disparaît mystérieusement dans la jungle amazonienne alors qu’il venait de découvrir la Cité Z, ultime vestige su mythique Eldorado. Dix ans plus tard, sa fille Joan part à sa recherche en compagnie de Jack Beauregard, un aventurier français un brin mythomane, tout autant intéressé par l’or des Incas que par le charme de la jeune femme. Mais ils ne sont pas les seuls à convoiter ce fabuleux trésor…
Au travers de 16 personnages et de 26 décors différents, cette comédie d’aventure trépidante à la Indiana Jones, inspirée d’une histoire vraie, vous fera voyager aux quatre coins du monde.

Mon avis : Qu’est-ce que j’ai ri !!! Pendant une heure et demie non stop. Pendant une heure et demie, j’ai eu 10 ans. Toute la salle avait 10 ans.
Il est impossible de garder son quant-à-soi devant un tel délire, devant une telle profusion de gags. Il y a en un toutes les 20 secondes, qu’il soit visuel, verbal ou sonore. Les Aventuriers de la Cité Z est un spectacle total. Totalement déjanté et totalement jubilatoire.


Je le place très, très haut dans ce registre du burlesque. C’est un peu comme si Hergé avait pris les Monty Python comme scénaristes d’un de ses albums. Ce spectacle emprunte en effet autant à la BD qu’au cinéma. A la BD pour le graphisme de ses décors, en ellipse aussi pour décrire une action irréalisable sur une scène de théâtre, et même avec l’utilisation de bulles pour illustrer un tableau.
Et au cinéma parce qu’il contient tous les clichés du film d’aventures. On pense bien sûr à Indiana Jones, mais aussi à OSS 117 version Hazanavicius ou A la poursuite du diamant vert. On y retrouve tous les ingrédients : suspense, courses-poursuites, cascades, bagarres… Et on ne lésine pas sur les effets spéciaux. Quel budget ! Train, avion, moto, bateau, pirogue, hydravion… Animaux sauvages, vent, brouillard, chutes d’eau, ralentis, travellings, bruitages, ombres chinoises, mime, charades muettes, accents, chorégraphies, anachronismes savoureux, clins d’œil à l’actualité, jeux de mots pertinents… Et en plus on nous fait voyager à travers le monde : France, Ecosse, Egypte, Tibet, Pérou… Exotisme garanti.


J’ai rarement vu des gens applaudir spontanément PENDANT une scène, tant ils se devaient de manifester immédiatement leur enthousiasme et leur joie. Sans compter les hoquets et les hurlements de rire, les fous-rires incontrôlés. Cité Z, « Z » comme zygomatiques. Car ils sont très éprouvés nos petits muscles malaires.

Difficile des rester sobre et concis pour rapporter le plaisir que l’on a en assistant à une telle folie parodique. J’ai tout aimé. Très friand de burlesque, j’ai été comblé au-delà de mes exigences en la matière. Ils osent tout, les bougres. Ce spectacle est du niveau de l’adaptation théâtrale des 39 marches, c’est dire. Il repose sur les mêmes ressorts mais avec ses propres inventions, ses trouvailles, son texte et ses acteurs. Et quels acteurs !
Pour ce qui les concerne tous les quatre, le mot « performance » n’est pas galvaudé. Leur prestation est très physique, voire parfois athlétique. Ils ne s’économisent pas un seul instant sans jamais perdre de vue leur mission : nous faire rire. Ils sur-jouent volontairement, apportant ainsi un côté cartoonesque à certaines situations. Les dialogues sont vifs, parfois très subtils, parfois complètement potaches. Peu avares de postures nettement appuyées, ils ont un art consommé du visuel. Mais il n’y a pas que nos yeux qui en prennent plein la vue, nos oreilles aussi sont joyeusement alimentées de dialogues saugrenus, de phrases alambiquées, de répliques loufoques et d’allusions grivoises.


Les quatre comédiens sont absolument épatants. On ne peut pas les dissocier dans les louanges. Ils sont les rouages parfaitement huilés d’une mécanique imparable. A fond au service de leur(s) personnage(s), ils savent tout faire, tout jouer ; avec une générosité qui ne faiblit jamais. Imaginez par exemple que Sara Lepage, qui incarne Joan Fawcett, pousse le perfectionnisme jusqu’à en arborer de fort jolies, des fossettes… Un tel professionnalisme force le respect.
Ils sont vraiment excellents tous les quatre. Il faut saluer les trésors d’imagination et la somme de travail qu’il leur a fallu en amont pour réaliser un divertissement aussi abouti à tous les niveaux. Car il n’y a pas que leur jeu qui est hallucinant, il faut tenir compte aussi d’une bande-son très pointue et de l’avalanche de gags et d’effets spéciaux dont j’ai parlé plus haut. Ceci dit, une avalanche au Tibet…

Or donc, allez-y, emmenez vos enfants, emmenez vos parents. Ce spectacle est totalement intergénérationnel. Chacun y trouvera son compte quel que soit son âge. Ce voyage en Absurdie est une véritable parenthèse enchantée. A voir absolument. Ce spectacle va vous insuffler de la bonne humeur au moins jusqu’au printemps prochain.


Gilbert « Critikator » Jouin

mardi 4 novembre 2014

Zaz "Paris"

Hier soir, sous l’égide de Radio Bleu, Zaz a donné un mini-concert privé au 22ème étage de la Maison de la Radio. Une vue sur les toits de Paris à 360° degrés servait de cadre idéal pour la présentation de son nouvel album, tout simplement intitulé « Paris ». Entourée de sept excellents musiciens, la jeune femme, avec sa générosité, sa fougue et sa joie de vivre naturelles, a interprété cinq chansons, quatre figurant sur ce troisième opus (Sous le ciel de Paris, La complainte de la Butte, La Parisienne et Paris sera toujours Paris) puis, en guise de rappel, Comme ci, comme ça, un des titres phare de son CD précédent, Recto Verso.


Zaz, qui avait pourtant songé à prendre une année sabbatique, n’a pas résisté à l’idée de reprendre quelques unes des chansons rendant hommage à la capitale. Dans cet album, qui sortira le 10 novembre, et sur lequel je reviendrai en détail, figurent treize titres, dont bien sûr les quatre qu’elle nous a dévoilés la nuit dernière dans ce décor idyllique malgré la pluie. Lorsqu’on détaille le sommaire de ce nouvel album, on ne peut que se sentir alléché.

Trois chansons sont orchestrées par le mythique arrangeur aux 27 Grammy Awards, celui-là même qui a posé son empreinte sur Thriller et Beat It de Michael Jackson, Quincy Jones (81 ans) : Champs Elysées, I Love Paris – J’aime Paris, J’aime Paris au mois de mai.
En outre, Zaz s’est offert trois somptueux duos :
-          I Love Paris - J’aime Paris, avec la prodige de 20 ans, Nikki Yanofsky.
-          La romance de Paris, avec Thomas Dutronc.
-          J’aime Paris au mois de mai, avec le prodige de… 90 ans, Charles Aznavour.


Fidèle à elle-même, Zaz ne fait jamais les choses à moitié. Devant les quelques dizaines d’invités, elle s’est donnée à fond avec un grand sourire et sa gestuelle si particulière. Sa complicité avec ses musiciens n’était pas feinte, elle était totale. Et la Tour Eiffel qui se dressait ) droite de la scène improvisée n’a pas pu s’empêcher de scintiller à l’unisson de la chanteuse, nous permettant de vivre un moment privilégié plein de romantisme, de swing et de poésie.

Zaz, une étoile de plus dans la Ville Lumière…

vendredi 31 octobre 2014

Tony Bennett & Lady Gaga "Cheek To Cheek"

Columbia Records / Universal International Music



Lady Gaga avait figuré en 2011 sur l’album Duets II de Tony Bennett. A la demande du crooner, ils avaient interprété ensemble The Lady Is a Tramp. Conquis par la prestation de la Lady, Tony Bennet lui a proposé d’enregistrer tout un album de jazz. Ainsi est né Cheek To Cheek
C’est peut-être l première fois que la créatrice de Bad Romance s’est sentie intimidée et impressionnée par quelqu’un. Pourtant, soixante ans les séparent (Tony Bennett, 88 ans, Lady Gaga, 28 ans) mais un même amour du jazz les a réunis.
Pour la première fois aussi, la chanteuse ne s’est pas réfugiée derrière son extravagance et son goût naturel pour la provocation. Elle avoue avoir enfin pu être elle-même et chanter avec une voix qui est vraiment la sienne. Et puis, cet album arrive fort à propos pour remettre la Lady en selle après l’échec commercial de son dernier opus, Artpop qui ne s’est vendu qu’à 1,4 millions d’exemplaires dans le monde. Echaudée, elle aurait même annoncé qu’après cette « jazzy experience », qu’elle ne ferait « peut-être plus jamais de musique pop ». gageons plutôt que cette décision est motivée par le dépit et que la « Mother Monster », qui n’en est pas à un revirement près, va vraisemblablement trouver d’autres terrains musicaux pour rebondir…

Photo Abaca
 Pour les amateurs de grands standards et de big band, Cheek To Cheek est une splendeur. Comme à son habitude, Tony Bennett, dont c’est tout de même le cinquante-septième album studio, assure sa partie avec son aisance et son swing habituels. En revanche, celle que l’on attendait au tournant, c’était bien sa partenaire, Stefani Germanotta, alias Lady Gaga, dans un registre où on ne la soupçonnait pas forcément.
Et bien, on peut dire que la sauce a pris. Entre la voix chaude et légèrement éraillée de Tony et celle plus aigue et plus métallique de la Lady, le mélange est parfait. L’osmose est totale. Le plaisir qu’ils ont à partager est audible. On les sent s’amuser comme deux petits fous, chacun tentant de séduire l’autre. On entend Lady Gaga rire, pousser des petits cris,


S’appuyant sur cette Rolls vocale qu’est Tony Bennet, Lady Gaga se lâche, prend des risques, explore des zones jusque là insoupçonnées de son organe.
Dans Nature Boy (ma chanson préférée sur cet album), elle joue merveilleusement de la voix de velours. A souligner également sur ce titre une superbe partie de flûte… Dans I Can’t Give You Anything But Love, sa voix ondule, se love, s’enroule sensuellement autour de celle de Tony. Dans Firefly, elle termine dans un scat que n’aurait pas désavoué Ella Fitzgerald. Dans Lush Life, elle se fait tour à tour impérieuse et langoureuse. Et dans It Don’t Mean A Thing (If It Ain’t Got That Swing), elle se fait sauvage, rugit, feule et swingue comme une petite folle pour temriner la chanson ( et l’album), sur un spontané « Waouh » de bonheur.
Lady Gaga s’éclate visiblement, prend du plaisir, se rassure et confirme une chose : elle sait vraiment chanter !



Sur le plan des orchestrations, Cheek To Cheek est également un pur bonheur. Autour de la colonne vertébrale qu’est le Tony Bennett Quartet (piano, guitare, basse, batterie), viennent se greffer une flopée de super musiciens qui apportent à chacun des titres une couleur personnelle en faisant la part belle à un son particulier : cuivres, orgue, violons, flûte, harpe… Il y a des merveilles de soli. C’est digne des meilleurs arrangements d’un Duke Ellington.

mercredi 29 octobre 2014

Le Bal des Vampires

Théâtre Mogador
25, rue de Mogador
75009 Paris
Tel : 01 53 33 45 30
Métro : Havre-Caumartin / Chaussée d’Antin / Trinité / Auber

Livret et paroles de Michael Kunze
Musique de Jim Steinman
Mise en scène de Roman Polanski
Chorégraphies de Dennis Callahan
Scénographie de William Dudley
Costumes créés par Sue Blane
Lumières créées par Hugh Vanstone
Adaptations des chansons de Nicolas Nebot
Avec David Alexis (le Professeur Abronsius), Daniele Carta Mantiglia (Alfred), Rafaëlle Cohen (Sarah), Solange Milhaud (Rebecca Chagal), Pierre Samuel (Yoine Chagal), Stéphane Métro (le comte Von Krolock), Sinan Bertrand (Herbert Von Krolock), Moniek Boersma (Magda), Guillaume Geoffroy (Koukol)…

L’histoire : Le Professeur Abronsius, un excentrique scientifique de l’université de Königsberg, n’a qu’une obsession : prouver au monde l’existence des vampires.
Accompagné par son fidèle assistant, le jeune Alfred, et avec pour seule arme son indéfectible foi en la logique et la science, il se lance dans cette quête un peu folle à travers les contrées sauvages de la Transylvanie.
Une tempête de neige va pousser nos deux héros à faire escale dans l’auberge de Yoine et Rebecca Chagal. Là, des indices tels que des guirlandes de gousses d’ail placées en abondance un peu partout dans la maison vont faire comprendre au Professeur qu’il est sur la bonne voie. Alfred, quant à lui, va tomber immédiatement sous le charme de la jeune Sarah, la fille des Chagal.
Le comte Von Krolock, vampire sombre et charismatique habitant le château des environs, tente lui aussi de séduire discrètement la jeune fille en l’invitant au bal annuel qu’il donne pour ses congénères…

Mon avis : Le Bal des Vampires a mis plus de quinze ans pour être enfin présenté dans le pays qui l’a vu naître ! Créé en 1997 à Vienne, en allemand, ce spectacle musical est en effet l’adaptation sur scène du film de Roman Polanski sorti sur les écrans 30 ans auparavant. Juste retour des choses, la version française de la comédie musicale possède le grand avantage d’être mise en scène par son propre auteur, Roman Polanski lui-même.


Disons le sans ambages, Le Bal des Vampires est un grand, très grand spectacle. On en prend plein les mirettes. Sur le plan de l’esthétique, des images, de la scénographie, des décors, des costumes, des chorégraphies et des voix, c’est un des plus aboutis que j’aie vu. Je le place quasiment au  niveau de la version anglaise des Misérables qui avait été présentée au Châtelet en 2010 et que je tiens pour le plus exaltant spectacle musical auquel j’ai assisté.
Pourtant, si je ne le mets pas au même niveau, c’est parce que j’ai quelques réserves à émettre… Pour être précis, ce Bal des Vampires m’a plu à 80 pour sang. Et, à la sortie, énormément d’avis abondaient dans le même sens : c’est une comédie musicale, mais elle pêche par… ses chansons ! Pour moi, la musique qui habille ce spectacle s’apparente plus à de l’opéra. Mais j’y reviendrai de façon plus explicite à la fin de cette critique.


Abordons d’abord les points positifs et emballants de ce Bal des Vampires. Ceux auxquels que je classe sous le titre générique de Rhésus O+…
Rhésus O+
-          L’orchestre qui joue en live… C’est magistral, ça donne un aspect musique de film. Il y a des quantités de couleurs musicales différentes qui soulignent les climats des différentes scènes. Il y a de l’ampleur, il y a de l’intime, il y a du frisson, il y a de l’allégresse. Et il y a de nombreuses trouvailles sonores. C’est de la belle et grande musique.
-          Les décors… Ils sont juste remarquables et ils donnent lieu à de magnifiques tableaux. Comme cette auberge qui pivote à 360° pour se métamorphoser en chambres à coucher, cette crypte qui sert de dortoir aux vampires, ce cimetière, ou ce tout premier tableau du second acte qui fait penser à un calendrier de l’Avent… Dans ce domaine, c’est un sans-faute absolu.
-          La scénographie… Il neige sur scène ! L’utilisation du travelling comme au cinéma nous permet de voyager dans une dense forêt de Transylvanie ou d’accéder au château du Comte. Les projections donnent de la profondeur, de l’espace, du dépaysement. Et, surtout, cette performance technique hallucinante grâce à laquelle on n’aperçoit pas les reflets des vampires dans les miroirs alors que l’on distingue parfaitement ceux des humains qui sont avec eux !... On voit qu’on a vraiment mis de gros moyens.
-          Les lumières… Elles sont essentielles pour l’ambiance des différentes phases de l’action. Un éclairage particulièrement travaillé nous met en présence de véritables tableaux de maîtres. Une couleur dominante (le gris, le rouge…) traduit donne le ton à certaines scènes et les magnifie.
-          Les costumes et les maquillages… Ils sont simplement prodigieux. Il y a plus de 200 costumes et 150 perruques ! Il y a deux ou trois tableaux qui ne sont pas sans rappeler La Nuit des morts-vivants ou le clip de Thriller de Michael Jackson.
-          Les chorégraphies… Elles nous emportent et nous fascinent. Quelques une nous font vivre de grands moments. Il y a des portés dignes de l’opéra, voire de l’acrobatie. Quelle maîtrise, quelle virtuosité et, surtout, quel travail ! j’ai adoré entre autres la scène qui se déroule autour du grand lit à baldaquin où sont assoupis le Professeur et Alfred et, bien sûr la grande scène du bal.
-          Les comédiens… Là aussi, le casting est parfait. Ils sont tous épatants. Mention spéciale toutefois au personnage du Comte, à celui de Koukol, sorte de Quasimodo des Carpates particulièrement inquiétant, et à celui de Yoine Chagal pour sa truculence.
-          Les voix… On ne peut que s’incliner. Elles sont toutes véritablement impressionnantes. Là aussi, pour certains, on frise de très près l’opéra. Mention spéciale là encore pour le coffre du Comte et pour le morceau de bravoure (très applaudi) qu’est la chanson du Professeur avec un débit effréné. C’est une sacrée performance.
-          L’humour… Il est permanent. On rit bien plus souvent que l’on est effrayé. C’est le but recherché puisqu’on est dans la parodie et de détournement, et il est tout à fait atteint.

Passons enfin aux quelques griefs que je formule et que je classe donc en toute logique sous le terme de Rhésus O-
Rhésus O-
-          Les chansons… Si l’on fait abstraction du seul énorme tube qu’est l’adaptation du somptueux Total Eclipse of the Heart, signé Jim Steinman, le compositeur du Bal et immortalisé en 1983 par Bonnie Tyler, je n’ai guère retenu que la fameuse performance vocale du professeur dans laquelle il parle de logique et de science, ainsi qu’une chanson interprétée joyeusement par Yoine Chagal. Pour le reste, on a droit la plupart du temps à des chansons très lentes, parfois symphoniques, qui se traînent en longueur. Elles ne doivent pas être simples à interpréter. Si bien qu’en dépit de la qualité vocale des chanteurs et chanteuses, on a tendance à décrocher assez vite. Bref, pour des Vampires ou des chasseurs de Vampires, je ne les ai pas trouvées assez… incisives... Bien sûr, c'est le livret qui a été conçu ainsi et les chanteurs n'ont absolument rien à se reprocher, au contraire.
-          Leur adaptation… La transfusion des textes originaux a été plutôt réussie par Nicolas Nebot. Là aussi, le boulot n’était pas évident car il y a un phrasé très particulier. Il faut le faire le découpage d’une chanson qui s’étire en longueur… Il y a néanmoins quelques petites choses qui m’ont écorché l’oreille ou des options auxquelles je n’ai pas adhéré. J’ai trouvé maladroite la formule « La mort vous change un homme » (puis « une femme »). C’est pour le moins une lapalissade d’un goût douteux… Enfin, daans l’adaptation de Total Eclipse of the Heart, la volonté de placer à tout prix la sonorité « Forever » (en faux rêveur) au dépit du sens et celle de garder le mot « Eclipse » pour en faire un vilain « éclipser mon cœur »… Mais c’est tout, le reste est parfait. Respect pour ce travail d’orfévre.
-          Quelques longueurs… Ou langueurs. Il y a certaines scènes qui sont trop longues (la mort de Chagal, par exemple) et qui, illustrées par une chanson qui se traine elle aussi, gâchent le rythme du spectacle.


En conclusion, La Bal des Vampires est un spectacle réellement magnifique, qui ne vous décevra pas et dont vous garderez longtemps en mémoire la magnificence de certains tableaux dignes de la peinture ou du cinéma.