samedi 24 janvier 2015

Patrick Timsit "On ne peut pas rire de tout"

Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin-Roosevelt
75008 Paris
Tel : 01 44 95 98 21
Métro : Franklin-Roosevelt / Champs Elysées-Clémenceau

Ecrit par Bruno Gaccio, Jean-François Halin et Patrick Timsit
Mis en scène par Ahmed Hamidi
Lumières de Xavier Maingon

Présentation : « On ne dit pas un nain, on dit une personne de tailles ridicule »… Rare et imprévisible, Patrick Timsit, boomerang de la contradiction, fait volte-face dans les marécages de la bien-pensance. Ça éclabousse.
Caustique, décalé, cinglant, il n’épargne personne, joue avec le feu, fait rire avec ce qui fait mal. La misogynie, le racisme, et tous les démons de la bêtise partagée. Corrosif et mordant, il ne lâche pas ses proies. Rythme tenu, il est en appétit tout le temps de ce qui pourrait déranger le plus. Jean-François Halin et Bruno Gaccio, qui ont constitué la dream team des Guignols de Canal+, participent à ce jeu de massacre.

Mon avis : Plus de cinq ans que Patrick Timsit n’était pas revenu à un exercice qu’il affectionne particulièrement, le seul en scène. Ça faisait long. Autant pour nous que pour lui. Son plaisir de se retrouver face au public, qui plus est sur la scène de ce haut lieu de la culture qu’est le théâtre du Rond-Point, est évident. Pourtant, il faut l’occuper l’espace de cet immense plateau. La scène est quasiment vide. Une chaise haute devant un guéridon sur lequel reposent une carafe d’eau, un verre, quelques feuilles de papier et un stylo.
On comprend très vite la présence de ces derniers objets. Patrick Timsit, très élégant dans son costume noir fort bien coupé, presque svelte (on peut le dire), a décidé de profiter de la présence des spectateurs pour jouer au sondeur d’opinion. Une seule interrogation à son questionnaire : « Peut-on rire de tout ? ». Alors, il va énumérer les différents thèmes qu’il est encore possible de brocarder aujourd’hui. Il liste, propose, énonce, raye, coche. Il ne va pratiquement rien omettre. Résultat des couses, le seul sujet sur lequel on peut encore rire, c’est… Mais avant d’en arriver là, ses démonstrations sont toutes hilarantes les unes plus que les autres.



Tel un cheval fringant, il part au galop, arrive à fond sur l’obstacle, stoppe net devant lui, le renifle, en fait le tour, l’étudie sous toutes ses formes, puis… le refuse. Ca scénario va pratiquement se répéter pour chacun des thèmes abordés. Mais avant de se résoudre à biffer ce thème de sa liste d’un grand coup de stylo, il en a sorti des horreurs ! On a l’impression que c’est plus fort que lui : il faut qu’il vanne, transgresse, provoque, choque… Puis, soudain, comme s’il réalisait qu’il était allé trop loin, son naturel bonhomme efface tout. Sa bouille malicieuse se fend d’un large sourire, son œil scintille de malice. Genre le sale gosse qui vient de donner un petit coup d’épingle dans les varices de la grand-mère mais dont le sourire candide provoque le pardon immédiat.


Patrick Timsit n’épargne rien ni personne. Même lui, il y passe. A son corps défendant certes (ce n’est pas de sa faute qu’il est juif, les responsables ce sont ses parents). D’ailleurs tout au long du spectacle il se retranche derrière des assertions d’une hypocrisie jouissive : « J’aime pas balancer »… On ne peut pas me soupçonner de mauvais esprit »… « Je suis taquin »… Patrick Timsit est un champion toutes catégories de la mauvaise foi. Pourtant, dans toutes les médisances qu’il profère, il y a toujours un fond de vérité. Timsit s’ingénie à jouer les faux-culs, mais ce n’est jamais sans fondement !
Le trio qu’il forme avec Gaccio et Halin est parfaitement rôdé, huilé. Ils savent pertinemment jusqu’où ils peuvent aller trop loin. Ce qui ne les empêche pas, tellement ils sont gourmands et mal intentionnés, de poser parfois un orteil insolent en dehors des limites. Et c’est systématiquement ce qui nous plaît le plus.
Il est joueur le Patrick. Il s’amuse avec nous autant qu’il s’amuse tout seul. Même quand, comme hier soir, il y a un crétin irrespectueux qui croit malin de l’apostropher, il reste parfaitement zen, étouffant ainsi dans l’œuf toute velléité d’affrontement.
Ils ne sont plus très nombreux hélas, les artistes qui, comme lui, pratiquent cet humour corrosif, politiquement incorrect, caustique, insolent et décomplexé. Un humour salvateur et réjouissant. Bien sûr qu’il FAUT rire de tout, y compris à nos dépens. Connaissant Mimie Mathy, je suis pratiquement certain qu’elle serait la première à s’amuser des bêtises qu’il profère à son « envers »… Il n’y a guère qu’Arthur qui rira jaune. Pour lui, c’est sûr, toute vérité n’est pas bonne à rire.


Gilbert « Critikator » Jouin

jeudi 22 janvier 2015

Arnaud Tsamère "Confidences sur pas mal de trucs plus ou moins confidentiels"

Splendid
48, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 21 93
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Ecrit par François Rollin, Arnaud Joyet et Arnaud Tsamère
Mis en scène par François Rollin, Aranud Joyet et Arnaud Tsamère

Présentation : Après avoir triomphé pendant trois ans en incarnant Patrice Valenton dans Chose promise, L’inénarrable Arnaud Tsamère est de retour sur scène avec un nouveau spectacle qui promet d’être tout aussi délirant et jubilatoire. Car ce roi de la digression sait jouer avec les mots et les situations les plus absurdes comme personne, mettant ses talents de comédien au service de l’humour avec une énergie folle…

Mon avis : Arnaud Tsamère fait partie de cette toute petite famille d’humoristes qui ont élevé l’absurde au rang de postulat. Associer « absurde » et « postulat » c’est, dans son cas, un véritable oxymore. En effet, alors qu’un postulat est « un principe de base qui ne peut être mis en discussion » (Petit Larousse), Arnaud Tsamère s’ingénie à détricoter ce qui est indéniablement contradictoire pour nous le faire admettre comme une évidence. C’est du moins dans son cerveau que ça se passe. Ou que ça se sasse…
Arnaud Tsamère est une sorte de furet de l’humour. Oui, le fameux furet « du bois, mesdames ». Celui qui court, qui est passé par ici et qui repassera par là… Il emprunte un sentier, bifurque sur un chemin de traverse, revient sur ses pas, fait un grand détour et se retrouve bizarrement à son point de départ. Nous, et bien, on essaie de le suivre. On a l’impression qu’il va nous semer en route, mais notre facétieux mustélidé, nous rattrape au dernier moment par un bout de l’esprit.
Avec lui un embrouillamini se métamorphose en logique irréfutable. C’est vraiment du grand art…


Dans ce spectacle, il ne cesse d’annoncer qu’il va nous parler de lui. Mais, de digressions alambiquées en démonstrations fumeuses, il n’en fera jamais rien. Cet homme est dans un autre monde. Indécrottables cartésiens, fuyez-le. De toute façon, il assume sa différence. Il le reconnaît lui-même vers la fin de son spectacle : « Je ne suis pas quelqu’un de normal ! »… Heureusement pour nous ; sinon, on n’irait pas le voir. C’est le dépaysement total. Cet as de la rupture, cet ouvreur invétéré de parenthèses et de guillemets ne nous fait pas rire aux éclats. Mais qu’est-ce qu’on pouffe ! C’est ça, le show Tsamère est un opéra-pouffe. Il est inracontable. C’est bric-à-brac, un fourre-tout, un jeu de construction formé de pièces hétéroclites que ce diable d’alchimiste réussit on ne sait comment à assembler et à faire tenir. On trouve de tout quand on le suit dans son « bois joli » : des blagues potaches comme de doctes déclarations émises sur un ton professoral, un intermède chanté d’une folle virtuosité (un des grands moments du spectacle), des gags visuels, une gestuelle aussi inattendue qu’approximative (mais drôle), des intrusions dans le public (impossible donc de dormir, d’autant qu’il fait à chaque fois allumer la salle) et, bien sûr, l’utilisation de son inséparable paperboard… En raison du froid qui règne actuellement à l’extérieur, il est même allé sur le site « Adopte un pingouin.com » !

C’est tout ça Arnaud Tsamère et c’est même plus encore. Ce n’est pas un hasard si le Maître François Rollin l’a adoubé, reconnaissant en lui une sorte de neveu (très) spirituel. Il y a là une véritable filiation. C’est du haut niveau. On y jouit du plaisir des non-sens, on se vautre dans l’incongru, on se délecte de loufoquerie. Bref, pendant près d’une heure et demie, on est en terre inconnue, totalement déboussolés par ce furet qui, lui, ne perd jamais le nord…


Gilbert « Critikator » Jouin

samedi 17 janvier 2015

Garnier contre Sentou

Théâtre Daunou
7, rue Daunou
75002 Paris
Tel : 01 42 61 69 14
Métro : Opéra

Avec Cyril Garnier et Guillaume Sentou
Ecrit par Cyril Garnier, Guillaume Sentou et Patrice Soufflard
Mis en scène par Patrice Soufflard
Lumière de David Chaillot
Costumes de Christine Leroy
Décor de Pascale Rabaud
Musique de Chloé Lacan et Nicolas Cloche
Accessoires et effets spéciaux de Pauline Gallot
Chorégraphie de Céline Dupuy
Maître d’armes : Christophe Charrier

L’histoire : Qu’est-ce qu’un ami ?
C’est quelqu’un qu’on ne peut pas voir pendant plusieurs jours, plusieurs mois, voire des années… Et quand on le revoit, c’est comme si on l’avait vu hier.
Le problème de Garnier et Sentou, c’est qu’ils se sont vus hier, et avant-hier… Et tous les jours depuis trop longtemps.
Ils sont au bord de l’overdose d’amitié puisqu’ils sont amis d’enfance, amis de vacances, amis de travail et amis Facebook depuis 1987.
Dans ce spectacle, ils s’affrontent dans une aventure inspirée de leur(s) histoire(s) vraie(s), mais pas trop quand même.
Et si leur amitié ne survit pas à la représentation de ce soir, c’est qu’il fallait venir hier…

Mon avis : Quelle judicieuse idée que de parler des problèmes que peut engendrer la vie au quotidien d’un couple artistique. Ce cas de figure, n’a en effet été ébauché qu’au cinéma, dans le film de Patrice Leconte, Tandem. Mais là, Garnier et Sentou vont encore plus loin car, plus que d’’êtres des « collègues » de travail, ils sont amis d’enfance depuis l’âge de 7 ans ! Et cela fait vingt-sept ans que cela dure… C’est dire s’ils se connaissent parfaitement.

Il y a des spectacles que l’on peut raconter par le menu parce que c’est incitatif, mais celui-ci, il faut en dire le minimum pour en préserver les nombreuses surprises. Il y a de tout dans ce show interprété, d’abord, par deux remarquables comédiens. Des cascades (avec des ralentis s’il vous plaît), des effets spéciaux (il y a même un avion sur scène), un volatile abracadabrantesque, et j’en passe…
Garnier et Sentou savent tout faire. Ce sont deux athlètes du rire. Leur performance est autant textuelle que physique. Car il y a du fond dans leur thématique. On a tous et toutes un(e) ami(e) d’enfance qui sait tout de nous. C’est à la fois confortable et presque déplaisant. C’est la personne pour laquelle la superficie de notre jardin secret est réduite à son minimum. Alors, parfois, ça gêne aux entournures. C’est de cela que traite « Garnier contre Sentou ». On doit d’ailleurs prendre le mot « contre » dans deux de ses principales acceptions, la préposition et le verbe « contrer » au présent de l’indicatif dans ce sens où, tout au long de la pièce, Garnier s’ingénie à « contrer » Sentou, et réciproquement. Ce qui introduit, au propre comme au figuré une notion de duel.

Ce spectacle est subtilement construit. Après son entrée en matière épique et piquante, puis après avoir brocardé les absurdités de l’administration et les aberrations de la modernité, ils vont remonter le temps de leur histoire commune depuis l’enfance. Ils vont surtout s’amuser à mettre la loupe sur ce qui pourrait les opposer plutôt que sur ce qui les réunit depuis vingt-sept ans, leur indéfectible amitié. Ils prennent un malin plaisir à exacerber une rivalité qui, de toute évidence, n’est ici qu’hypothétique. C’est jubilatoire à souhait. Absurde, bons mots, invention de personnages, vannes, misogynie, autodérision… Tout y est. Jusqu’au tableau final qui, pour moi, est une véritable scène d’anthologie.

Je ne veux vraiment pas en dire plus. Parfois, alors que je n’ai pas le rire spontané facile, je me suis surpris à éclater sous l’effet de surprise d’une situation, la réplique qui tue ou l’imprévisibilité d’un gag visuel. Ce spectacle est à tout point de vue d’une rare richesse. Il FAUT, si ce n’est déjà fait, découvrir Cyril Garnier et Guillaume Sentou sur scène. Pendant une heure et demie, c’est un festival. Et l’humour, lorsqu’il est aussi intelligemment distillé, est bien plus efficace.
Je suis sorti du Daunou complètement emballé et, à l’heure où j’écris ces lignes, il y a encore quelques images qui se matérialisent et qui me font sourire. Qu’est-ce qu’ils sont bons Garnier er Sentou. Et inversement !!!


Gilbert « Critikator » Jouin

vendredi 16 janvier 2015

Gérald Dahan tombe les masques

Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 74
Métro : Gaîté / Edgar Quinet

Ecrit et interprété par Gérald Dahan
Accompagné au piano par Julien Bourel

Présentation : Qui est l’usurpateur ? Celui qui fait tomber le masque ou celui qui le porte ? Gérald Dahan vous propose de partager avec lui les coulisses de ses meilleurs canulars…
On connaît ses imitations saisissantes de Sarkozy, Timsit, Luchini, Palmade… Venez découvrir ses incarnations hilarantes de Valls, Montebourg, Hollande et bien d’autres.
En fin de spectacle, ses imitations chantées, accompagnées au piano, sont « à la carte ». Une occasion de réentendre vos standards préférés de la chanson française…

Mon avis : Bien qu’il soit encore terriblement affecté par la disparition brutale de son ami Cabu qui avait dessiné certaines de ses affiches et qui avait illustré son livre Sarkoland, c’est un Gérald Dahan particulièrement affûté qui s’installe pour deux mois au Petit Montparnasse.
J’aime cette salle car, nonobstant un confort relatif, sa déclivité permet de voir bien de partout, même si on a un grand devant, et qu’elle nous offre en outre une réelle proximité avec l’artiste.
Tout de noir vêtu (jusques à la cravate), très élégant, l’imitateur entame son show avec Il n’a pas trouvé mieux, une brève parodie de Francis Cabrel narrant les aventures de la Vespa présidentielle… Accompagné de son fidèle et talentueux pianiste, Julien Bourel, Gérald Dahan attaque en mode tonique. Et cela va durer plus d’une heure et demie.
Ce que j’ai aimé dans ce spectacle, c’est son éclectisme et sa large palette. Au-delà de l’imitation pure frisant la perfection à laquelle nous sommes habitués, l’artiste joue la comédie, danse, fait du mime et, en référence à son affiche, il fait tomber quelques masques en reproduisant un de ses canulars les plus édifiants sur la mentalité des hommes politiques (Olivier Falorni approché par un faux Manuel Valls qui lui propose un portefeuille dans un ministère dirigé par son ennemie intime et géographique, Ségolène Royal) et, plus tard, en nous narrant par le menu le célèbre épisode où, empruntant la voix de Chirac, il amène Raymond Domenech et Zinédine Zidane à faire chanter la Marseillaise aux joueurs de l’équipe de France la main sur le cœur… Deux grands moments !


Après avoir parlé politique par le truchement de quelques uns de ses personnages stars, Patrick Timsit, Pierre Palmade, Edouard Baer, tous trois confondants de réalisme grâce à des mimiques et des postures parfaitement mimétiques, Gérald Dahan a eu l’excellente idée de faire se succéder sur scène l’ancien et l’actuel présidents de la République. Les différences comportementales, gestuelles et psychologiques de Sarkozy et de Hollande mises ainsi bout à bout ont un formidable effet comique. Autant l’un est survolté, bourré de tics et décomplexé, autant le second nous semble placide, fataliste et empêtré dans sa fonction. Ça aussi, c’est de la caricature. Mais de la caricature en trois D.
Quand Dahan se présente en François Hollande et qu’il reste un long moment sans dire un seul mot mais en prenant des poses empruntées et maladroites (normal après tout qu’Hollande soi mal à droite), la salle hoquette de rire.


Puis des sketches parlés, il passe aux parodies chantées avec un Julien Clerc et un Johnny très applaudis. Là, ce sont les performances vocales qui se font acclamer. Il a un sacré organe le garçon !
Enfin, fidèle à ses fins de spectacle habituelles, il campe la fine fleur de la chanson française à travers leurs plus grands tubes : La Bohême par un Charles Aznavour sourd et gâtouillant à mourir de rire, La Javanaise par un Gainsbourg toujours aussi provocateur et désinvolte, Toulouse par un Nougaro effaré que son ex-Ville Rose soit passé à droite, Hexagone par un Renaud plus mélancolique que contestataire et Les feuilles mortes par un Yves Montand classieux et virevoltant et il termine en apothéose avec une interprétation de Comme d’habitude/My Way avec une kyrielle de chanteurs français et internationaux parmi lesquels se sont parfois glissés quelques invités inattendus…

Le spectacle de Gérald Dahan est donc un spectacle total faisant appel à plusieurs disciplines. L’imitateur, dont le plaisir de se trouver sur scène est évident, fait de nous à la fois des complices et des confidents. On le sent aussi à notre écoute, ce qui est plutôt rare et qui lui permet d’intervenir en fonction de certaines réactions. Tout cela provoque des ruptures bienvenues et donne du rythme à son show.

Hier, parmi les spectateurs, il y avait Christophe Malavoy. Mal-a-voy… Quel paradoxe pour un imitateur !

Gilbert "Critikator" Jouin

samedi 10 janvier 2015

Yseult

Polydor / Universal Music


Vocalement, il n’y a rien à dire. Yseult méritait amplement sa place en finale de La Nouvelle Star… J’aimais beaucoup sa voix, un peu grave, joliment rauque. J’étais donc très curieux de découvrir son album.

En fait, c’est un album honnête, mais sans plus. Je m’attendais à des chansons plus bluesy, voire mâtinée de gospel. Or, j’ai surtout entendu des chansons oscillant entre seventies et eighties.
La voix d’Yseult est remarquable sur les passages lents, comme le sont d’ailleurs la plupart des couplets. Mais dès qu’elle passe en voix de tête, elle se banalise (sauf dans Pour l’impossible où elle est particulièrement performante.

Cette chanson, Pour l’impossible, est pour moi la meilleure de l’album. Le climat mélancolique lui sied à merveille. En dépit d’une abondance d’élisions peu jolies à l’oreille, le texte est un des plus solides de l’opus.
En deuxième position, j’ai beaucoup aimé Sans raison. A la limite du parlé, la voix d’Yseult est extrêmement mélodieuse, presque envoûtante.


Après, j’ai apprécié L’orage, pour son ambiance lente et voluptueuse et pour la façon qu’a Yseult de jouer avec le riche registre de ses possibilités vocales. Toutefois, je ne vois pas ce que le mot « boy » vient faire là-dedans. Ça sonne faux.
Enfin, j’ai bien aimé la mélodie et le refrain efficace de Le plus beau des astres, hélas gâché par un texte poussif et mal ficelé, ainsi que l’indéniable fraîcheur de Summer Love. Quant à La vague, je n’en ai goûté que les couplets.

Ce qui m’a le moins emballé ce sont les textes. Parfois alambiqués, souvent décousus, avec trop de muettes en fin de phrase (le parfait exemple est Bye bye bye), Da Silva nous avait habitués à mieux.
Mais à la décharge d’Yseult, elle n’a que 19 ans. Difficile pour un auteur d’occulter cette jeunesse et d’aborder des thèmes plus matures. Reste que le potentiel de la jeune femme est indéniable. Il y a des horizons, des couleurs à explorer. Attendons qu’elle prenne un peu de patine et elle va nous enchanter.