lundi 8 juin 2015

Grégoire "Poésies de notre enfance"

PlayOn / My Major Company / Warner Music


Très sensibilisé par sa paternité et soucieux de transmettre à sa progéniture et à celle des autres son goût pour la poésie et les jolis textes, Grégoire s’est offert une parenthèse « enfantée » le temps d’un album. La tâche, ambitieuse, n’était pas aisée. D’autant qu’elle confinait à l’exercice de style.
Il lui a d’abord fallu se livrer à un gros travail de sélection. Pas évident de retenir une vingtaine de textes pour les mettre ensuite en musique et les interpréter en sachant à quel public ils étaient destinés. Bien sûr, le vivier le plus évident dans lequel il a pu pêcher était constitué par l’œuvre de Jean de La Fontaine. Le célèbre fabuliste se taille la part du lion avec un tiers des chansons, 6 sur 19 pour être précis. Ensuite, l’astuce était d’aller chercher des raretés du côté d’auteurs moins évidents et moins connus. Ce parti pris, totalement subjectif au vu de la richesse de notre patrimoine, lui a permis de favoriser les ruptures. On passe ainsi de récits archi connus que l’on écoute comme des standards à des textes qui attirent notre attention parce que, pour la plupart, on les découvre ou on les a totalement oubliés.


Ce qui est particulièrement réussi dans cet album-concept ludique et didactique à la fois, ce sont les arrangements. Volontairement sobres pour favoriser l’écoute et la compréhension, ils mettent en évidence des instruments moins usités comme la harpe (très souvent), le piano bastringue, la boîte à musique le cor, le banjo, le hautbois ou la clarinette. Ce choix délibéré génère un climat empreint de douceur et de tendresse. Cette discrétion, permet aussi à l’interprète, de poser sa voix très en avant et de privilégier ainsi la diction et les différentes intonations. Il y a presque un jeu d’acteur là-dedans. Grégoire se pose et se propose ici en chanteur-conteur.

Poésies de notre enfance contient de véritables petits bijoux (et oui, si j’ai mis un « x » au pluriel de bijou, c’est grâce à la chanson Le Hibou). Les titres sont brefs, ne donnant pas ainsi aux jeunes auditeurs de temps de décrocher. Leur concision priorise la qualité d’écoute.
J’ai donc essayé de me mettre dans la tête d’un bambin de cinq-six ans et d’écouter ces poèmes mis en musique avec une totale faculté d’intérêt et d’émerveillement.
Sachant que tout m’a plu, mon hit-parade personnel s’établit ainsi :
1/ La Girafe
2/ Les points sur les i
3/ Ponctuation
4/ Litanie des écoliers
5/ Lorsque ma sœur et moi
6/ Liberté
7/ La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf
8/ Le laboureur et ses enfants
9/ Le corbeau et le renard


Il est vrai que des titres comme La Girafe ou Litanie des écoliers attirent immédiatement l’attention parce qu’ils sont sautillants, joyeux, allègres, primesautiers.
En revanche, le texte de Un matin, saupoudré de mots un peu plus difficiles, m’a semblé un peu plus ardu à comprendre pour nos chères têtes blondes, brunes ou rousses.

Enfin, et c’est mon seul petit reproche, le non prononciation du « s » de « plus » dans Pour ma mère, peut entraîner un méprise dans la compréhension de ce poème. On peut l’appréhender de façon négative alors qu’il adresse une superbe déclaration d’amour…

Aucun commentaire: