mardi 28 juillet 2015

Jeff "Costards sur mesure"

Les Feux de la Rampe
34, rue Richer
75009 Paris
Tel : 01 42 46 26 19
Métro : Cadet / Richelieu-Drouot / Grands Boulevards

Ecrit et interprété par Jeff Didelot

Présentation : D’une plume vitriolée à souhait, Jeff Didelot pique, repique et surpique là où ça fait mal…
C’est avec l’habileté d’un grand couturier qu’il prend plaisir à tailler des « costars sur mesure » à tous ceux qui, selon lui, le méritent. Peoples, politiques, hommes, femmes, voisins, jeunes, vieux… Rien ni personne n’échappe à ses coups de ciseaux… Un défilé corrosif dont personne ne sortira indemne.

Mon avis : Jeff ne nous fait pas languir longtemps. A peine a-t-il fait son entrée sur scène qu’il nous lâche une rafale de vannes toutes plus hard les unes que les autres. Arborant le masque d’un pince-sans-rire, il distille ses horreurs avec un naturel déconcertant. Ce n’est que lorsqu’il perçoit les premières réactions de quelques spectateurs choqués mêlées aux jappements de satisfaction de ceux qui aiment l’être, qu’il condescend enfin à révéler un large sourire bonhomme encadré par deux fossettes ravageuses.
Le terme qui le définit le mieux est inscrit dans la présentation de Costards sur mesure, c’est « corrosif ». C’est l’adjectif qui revient en effet le plus souvent dans les avis des spectateurs et sous la plume des critiques. Jeff est donc corrosif ; et pas qu’un peu. Pour un allumeur, quoi de plus naturel que de se produire aux « Feux » de la Rampe ? A peine les vols de canadair de nos rires en ont-ils éteint un qu’il en rallume un autre !

Cette fois, il a décidé de verser dans la haute couture et de se présenter en tailleur de « costards sur mesure ». Bien que le terme de « mesure » ne soit pas le plus approprié car il ne s’en autorise aucune. Avec lui, pas de limites. On a même du mal à la croire quand il affirme sa seule déontologie c’est se savoir jusqu’où il peut aller trop loin. Il est évident qu’il a franchi depuis belle lurette les frontières de la bienséance pour s’aventurer dans le no man’s land de l’irrévérence... On ne peut pas dire que c'est le genre de mec qui part sans laisser de trash. Dans la tiédeur ambiante actuelle, ça fait du bien de découvrir quelqu'un qui ose...

Qui sont donc les modèles appelés à endosser ces fameux costards qui vont les habiller pour l’hiver et plusieurs autres saisons ? Pêle-mêle, ils ont pour nom Arthur, Candeloro, Jamel, Mimie Mathy, Amélie Mauresmo, Francis Lalanne, Nabilla, Loana… Avec une gourmandise machiavélique, il pique, surpique, donne des coups d’aiguille et des coups de ciseaux, il taille et rapièce tant que ses pauvres victimes doivent se sentir gênées aux entournures…


Non content de s’en prendre à quelques peoples, Jeff est également un iconoclaste tout terrain. Après avoir brossé ces quelques portraits bien sentis, il nous offre une série de sketches particulièrement féroces. N’épargnant rien ni personne, y compris les handicapés (avec, au menu, une originale "dégustation" à l'aveugle), il se montre goujat, macho, misogyne, allant jusqu’à filmer l’accouchement de sa compagne avec des commentaires que l’on peut pour le moins qualifier d’inconvenants. Et encore, je me cantonne dans un euphémisme respectueux…
Ce qu’il aime aussi – il l’avoue avec un petit ton sardonique – c’est « faire des parenthèses ». Ces signes de ponctuation lui permettent autant de revenir avec délectation sur une de ses cibles préférées que d’aborder un sujet d’actualité. Mais elles lui servent aussi de placer quelques règlements de compte un peu saignants (visiblement, certaines plaies ne sont pas cicatrisées)…
Si vous n’avez pas peur qu’il vous arrive un accident et d’être pris à partie, n’hésitez pas à vous installer dans les deux premiers rangs. Ce sera à vos risques et périls et pour le plaisir le plus sadique des spectateurs épargnés et judicieusement planqués dans la pénombre.

Jeff termine son tir aux pigeons avec une lettre d’adieu qu’il confond apparemment avec lettre d’odieux. Mais comme il s’est donné la peine de l’écrire en alexandrins, nous lui donnerons l’absolution. Une absolution finale d’autant plus méritée qu’il est évident – à part peut-être pour certaines personnes – qu’il joue les affreux jojos pour se faire rire (car il se gausse également beaucoup de lui-même) et surtout pour nous faire rire. Il est méchamment drôle quoi !


Gilbert « Critikator » Jouin

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