vendredi 6 novembre 2015

Vincent Dedienne "S'il se passe quelque chose..."

Café de la Danse
5, passage Louis-Philippe
75011 Paris
Tel : 01 47 00 57 59
Métro : Bastille

Seul en scène écrit par Vincent Dedienne, Juliette Chaigneau, Mélanie Le Moine, François Rollin
Interprété par Vincent Dedienne
Mis en scène par Juliette Chaigneau et François Rollin

Présentation : « Bonjour ! Je m’appelle Vincent Dedienne et je suis la personne qui boit un chocolat chaud/thé vert bio/soupe à l’oignon sur l’affiche !
S’il se passe quelque chose, c’est une promesse. La promesse de passer ensemble un drôle de moment, à la frontière du théâtre et du Guatemala.
S’il se passe quelque chose, c’est aussi comme un dîner entre amis. C’est prévu de longue date, préparé avec amour et gourmandise, et ça commence à 20 h 30.
S’il se passe quelque chose, c’est mon premier spectacle. A table ! (Et si vous n’aimez pas, je vous ferai une salade). »

Mon avis : Vincent Dedienne qualifie S’il se passe quelque chose comme étant son « premier spectacle ». C’est à la fois vrai et faux. Faux car il l’avait déjà présenté un an plus tôt, en octobre 2014, au Petit Hébertot. A cette époque, je me souviens que ma critique avait été plutôt négative en dépit des indéniables qualités du jeune homme.
Or, depuis cette première expérience, une année s’est écoulée. Une année durant laquelle il m’a littéralement enthousiasmé par ses portraits joyeusement insolents, décalés et brillamment écrits dans l’émission de Canal+, Le Supplément (en clair le dimanche vers 13 h). Raison pour laquelle j’ai eu fortement envie de le revoir sur scène au Café de la Danse. Et je ne le regrette pas. Loin de là !


J’ai d’abord retrouvé tout ce que j’avais apprécié la première fois : son pull jaune col en V, son aisance, son débit ultra rapide, sa parfaite élocution, son écriture riche et soignée, sa générosité (voir critique du 9 octobre 2014). Mais, surtout, même s’il a gardé l’essentiel de la trame de cette toute première prestation, on sent qu’il a énormément travaillé sur l’efficacité. Il s’est débarrassé des plus grosses scories (particulièrement le sketch lourdingue et incongru du petit marquis) pour ne garder que l’essentiel. Sur le plan de l’écriture, il a su tailler dans le vif, au scalpel, supprimant ainsi tout le gras superflu pour ne conserver que la bonne chair et le nerf… Comme toute la salle, en grande partie composée de jeunes de 20 à 30 ans (il affiche complet tous les soirs), je n’ai cessé de m’amuser et de rire à ses propos. Il a toujours autant d’aisance, il est toujours aussi heureux d’être sur scène, mais il a pris du métier, de l’assurance. Il propose désormais un spectacle jubilatoire et percutant dans lequel il n’y a plus rien à jeter.


Après une entrée réellement inattendue que je qualifierai d’« au poil », il se livre à un exercice dans lequel il excelle : le portrait. A part que, cette fois, il s’agit du sien. Il s’en donne à cœur joie, jonglant avec son sens inné de l’autodérision, son amour de l’absurde, sa propension à passer du coq à l’âne, son utilisation (très maîtrisée cette fois) du comique de répétition et, surtout, son aptitude à illustrer son discours d’images tour à tour cocasses, truculentes ou cruelles. Tout en se comportant en mec sûr de lui, on sent parfois poindre une profonde fragilité chronique, ce qui le rend encore plus attachant.
Ensuite, se partageant à un rythme endiablé entre sketches et stand-up, il se livre à un véritable festival au terme duquel il recueille une salve d’applaudissements qui dure longtemps, longtemps. Et lui, en position de révérence et la main sur le cœur, il reçoit cet hommage sincère et spontané avec satisfaction bien sûr, mais aussi avec le regard émerveillé d’un enfant qui reçoit sa récompense pour un travail bien fait.

Tombé raide dingue de Muriel Robin à 7 ans, on sent qu’il l’a presque à son insu vampirisée. Pour être encore plus précis, il est en quelque sorte l’enfant naturel que Muriel Robin airait pu avoir avec Pierre Palmade. Il est leur parfaite synthèse, leur projection tout en affirmant sa propre personnalité car il est avant tout Vincent Dedienne.
Et c’est en tant que tel qu’on peut affirmer que ce garçon ira loin, très loin. A Dedienne que pourra…

Gilbert « Critikator » Jouin

Aucun commentaire: