vendredi 17 juin 2016

Addition

Gaîté Montparnasse
26, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 16 18
Métro : Gaîté / Edgar Quinet

Une comédie de Clément Michel
Mise en scène par David Roussel
Scénographie de Sarah Bazennerye
Lumières de Denis Koransky

Avec Sébastien Castro (Antoine), Stéphan Guérin-Tillie (Axel), Clément Michel (Jules)

L’histoire : Hier soir, Axel a invité ses deux amis Jules et Antoine à dîner au restaurant. Ce matin, il regrette d’avoir payé l’addition et leur demande de le rembourser. Antoine sort son chéquier. Jules sort de ses gonds.
Addition, c’est une comédie qui raconte un week-end pendant lequel trois amis, en pleine crise de la quarantaine, vont tout compter : leurs défauts, leurs manques, leurs jalousies, leurs coups bas…

Mon avis : Addition est le genre de pièce sans surprise mais que l’on aime voir parce qu’il s’y passe et il s’y dit des choses. Et puis aussi en raison de son effet miroir car on y rit de nous. Axel, Antoine et Jules sont de vieux copains, ils se connaissent par cœur, ou du moins pensent se connaître par cœur. Or, un litige tout banal autour d’une note de restaurant et le désaccord qui en naît vont créer au sein de leur trio une sorte d’effet papillon qui va progressivement se muer en séisme. Jusqu’à remettre leur amitié en question.



Trois quadras, trois caractères bien affirmés, qui ont en commun un goût assez masculin pour le mensonge, la dissimulation, la mauvaise foi, la vanne facile et une certaine vanité. Bien sûr, chacun d’entre eux possède son propre profil psychologique. En gros, Axel est hâbleur, volage, inconséquent… Antoine est conciliant, il a du bon sens et il déteste les conflits… Jules est pinailleur, psychorigide et mesquin. Seul célibataire, il est comptable de tout et, en étant celui qui dit « non » au partage de l’addition, il va provoquer le premier battement d’aile du papillon de la discorde.


Ce qui ne devrait être qu’une simple chamaillerie va se métamorphoser en une succession de disputes de plus en plus violentes à partir du moment où leurs vies privées respectives vont interférer. Dès lors que leurs petites cachotteries, leurs secrets et leurs turpitudes sont mises au jour, tous les coups deviennent permis. Mis à mal, leurs égos de coqs vont les entraîner dans un mode permanent d’attaque-défense. Le problème de l’addition passe au second plan car il y a désormais d’autres comptes à régler.
Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, mais on va se les balancer en pleine face. Sous les coups des révélations, les rapports de force permutent. Le moins irréprochable va jouer au père-la-morale, le plus intolérant va soudain devenir indulgent, et le plus inoffensif va étonnamment s’affirmer en séducteur impénitent.


Addition est une « quadramaturgie ». Nos trois héros, volontairement ou pas, se retrouve à cette croisée des chemins que constitue la quarantaine. Les événements extérieurs, exacerbés par leurs âpres affrontements, vont à la fois les révéler à eux-mêmes et mettre leur amitié en perspective. Lorsque l’heure des comptes va sonner, qu’en restera-t-il ?
Forte de dialogues-coups de poing et de répliques saignantes, cette pièce nous fait d’autant plus rire qu’elle nous met également face à nous-mêmes. Il y a forcément de l’Antoine, de l’Axel ou du Jules en nous. Parfois même un peu des trois.

Les trois comédiens, qui se connaissent parfaitement, s’en donnent à cœur joie. Leur complicité passe la rampe. Chacun, dans un registre qui lui est propre et dans lequel il se tient de bout en bout, est crédible. Bien sûr, il y a des moments un peu plus faibles, des bavardages qui tournent un peu en rond, mais l’ensemble tient la route… Cette pièce qui n’a pour but que de nous faire rire, réussit néanmoins à distiller sa part d’émotion. J’ai particulièrement apprécié et été touché par la scène où Axel fait son mea culpa. Cette autocritique est tellement empreinte de sincérité qu’elle constitue un des grands moments de la pièce. Je pense qu’elle va toucher tout le monde, hommes et femmes confondus, et donner à réfléchir.


Gilbert « Critikator » Jouin

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