mercredi 4 octobre 2017

Le Gros Diamant du Prince Ludwig

Gymnase Marie-Bell
38, boulevard de Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tel : 01 42 46 79 79
Métro : Bonne Nouvelle

Une pièce de Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields
Mise en scène par Gwen Aduh
Adaptation française de Miren Pradier et Gwen Aduh
Décors de Michel Mugnier
Costumes d’Aurélie de Cazanove
Lumières de Hugo Oudin
Musique de Gabriel Levasseur
Création sonore de Baptiste Chevalier Duflot

Avec Jean-Philippe Bêche (Chuck Davis, officier de police), Aurélie de Cazanove (Marilyn, guichetière à la City Bank), Pierre Dumur (Le stagiaire), Lionel Fernandez (Mitch Ruscitti, malfrat), Jean-Marie Lecoq (Valentin Troisgros, banquier), Miren Pradier (Caprice Troigros, arnaqueuse), Pascal Provost (Sam Monaghan (Pickpocket), Nicolas Reynaud (Bob Cooper, maton)
Les musiciens : Jean-Baptiste Artigas (Piano, chant), Julien Pouletaud (Contrebasse, basse, chant), Aidié Tafial (Batterie), Xavier Ferrand (Piano)

L’histoire : C’est l’Amérique des années 50, avec des musiciens en live, des matons pas futés, des taulards en cavale, un pickpocket trop honnête, une amoureuse peu fidèle, des amants pigeonnés, un voyou abruti, un banquier colérique, un policier frimeur, une mère poule qui couve autre chose que des œufs, et Warren Slack, le plus vieux stagiaire des USA.
Qui va arnaquer qui ?
Le Gros Diamant du Prince Ludwig, une pièce où on s’aime comme dans Chantons sous la pluie, où on frémit comme chez Tarantino, où on retient son souffle come dans Ocean’s Eleven et où on rit comme chez les Marx Brothers…


Mon avis : Ce « Diamant » est un pur bijou de comédie burlesque taillé pour provoquer une avalanche de rires, de fous rires et d’étonnements en tous genres…
Qu’est-ce que j’ai pouffé ! Mais, qu’est-ce que j’ai pu pouffer ! J’avais déjà été emballé par la dinguerie frénétique des Faux British, et bien, je me suis largement autant éclaté devant cette nouvelle création tout aussi inspirée, déjantée, surprenante, bourrée de gags et d’effets et tout aussi généreusement interprétée.
Comme je le signale en préambule, on ne peut pas voir Le Gros Diamant du Prince sans rire. Si, vraiment, vous voulez tout oublier pendant près de deux heures, courez vite au Gymnase, vous allez y passer un moment absolument décapant. Ce spectacle est, à tous les niveaux, d’une richesse et d’une inventivité incroyables.



Il y a d’abord les comédiens. Cette brochette d’hurluberlus prêts à tout y compris au pire est absolument époustouflante. Un théâtre qui s’appelle « Le Gymnase » est l’endroit idéal pour servir de cadre à quelques performances physiques dignes des plus grands athlètes. En effet, la débauche est ici autant verbale que physique. C’est de la haute voltige. Il y a plusieurs séquences où les dialogues appartiennent carrément au domaine de la virtuosité (entre Chuck Davis et Cooper, au début, dans la prison ; ou entre Caprice et Mitch dans leur échange au talkie-walkie…). Certains d’entre eux se livrent également à de véritables acrobaties défiant parfois même les lois de la gravité (mais de la gravité qui fait rire !).


Il y a dans Le Gros Diamant du Prince Ludwig d’authentiques moments d’anthologie qui nous font ouvrir tout grands les quinquets tout en sollicitant imparablement nos zygomatiques. Je pense entre autres à la séquence de la chambre à coucher de Caprice, au numéro « frégolinesque » étourdissant auquel se livre Sam quand il endosse la personnalité du père de la demoiselle, à la scène où Warren (comédien en caoutchouc) se fait rudoyer par monsieur Troigros et Mitch, au tableau de la chambre forte (qui m’a rappelé le film Topkapi, en beaucoup moins sérieux cependant), ou la scène de bureau avec totalement « vertigineux » impliquant monsieur Troigros et Warren (mais je vous en laisse la surprise car c’est du jamais vu au théâtre).


J’insiste sur l’accumulation volontaire de ma part d’adjectifs aussi forts que « surprenant », « généreux », « décapant », « incroyable », « époustouflant », « étourdissant », « ahurissant »… Ce spectacle, très visuel, les provoque. Car, en plus de la qualité des dialogues, du jeu débridé des acteurs à la fois clowns et acrobates, il faut souligner l’ingéniosité de la mise en scène et la créativité des effets spéciaux et des gags. Quel travail de répétitions a dû être fourni en amont pour obtenir une telle perfection et réussir à tenir un rythme aussi effréné tout en réalisant des prouesses physiques aussi millimétrées !

Je voudrais encore en dire plus, parler des portes qui claquent, des claques qui claquent, des coffres et des placards qui sont utilisés à d’autres fins, des volatiles providentiels, des changements de décors à vue opportunément accompagnés par des musiciens stylés (A ce propos, prévoir des lunettes de soleil pour pouvoir apprécier leurs vestes à paillettes scintillantes), des musiciens qui n’hésitent pas non plus à faire de la figuration…

Vous l’aurez compris, j’ai été réellement ébloui par ce spectacle burlesque. Ebloui, tout simplement parce que ce Gros Diamant est vraiment brillant !...

Gilbert « Critikator » Jouin

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